Comment la géologie révèle les vins vaudois

© Sylvie Gardel

Sept.info a suivi un groupe de scientifiques étrangers partis à la découverte des minéraux qui alimentent les racines de nos vignes et des époques géologiques qui leur ont transmis ce supplément d'âme. Voyage initiatique à travers les majestueux vignobles vaudois, de Saint-Triphon à Aran-sur-Villette. A déguster sans modération.

Son nez, sa robe, son goût. Tous les œnologues en herbe sont capables d’apprécier les qualités d’un vin selon ces trois perceptions basiques. Ils savent aussi que la variété de plante utilisée, le cépage, le climat, en particulier l’ensoleillement, et le savoir-faire du vigneron conditionnent le type de raisin produit.

Mais ce que la plupart des amateurs de bons vins ignorent, c’est que la géologie, la formation et l’évolution des sols (pédologie) sont une composante essentielle des arômes et de la qualité des crus. Le produit de la vigne, comme tout être du règne végétal, est en effet directement influencé par le milieu naturel dans lequel elle évolue.

Pour appréhender cette relation étroite entre terroir et breuvage, prise de contact avec le terrain dans le cadre du 19e congrès international de sédimentologie, qui s’est tenu du 18 au 22 août 2014 à Genève. Sur proposition d’Aymon Baud, ancien directeur du Musée cantonal de géologie à Lausanne, une dizaine de scientifiques en provenance de Russie, Pologne, Corée du Sud, Etats-Unis, Canada, Allemagne, Grande-Bretagne et Suisse sont partis en excursion se familiariser avec l’histoire géologique et morphologique de la région, et déguster les nectars produits sur ces substrats variés.

Une balade d’une journée à laquelle a participé Sept.info, des carrières de Saint-Triphon aux vignobles en terrasses de Lavaux, classé au patrimoine des biens culturels de l’UNESCO depuis 2007, en passant par Yvorne et les salines de Bex.

«La géologie alpine est affreusement compliquée», concède Grégoire Testaz, géologue au Musée cantonal de Lausanne. Différents phénomènes ont en effet façonné l’actuel paysage de la Suisse. Pour saisir cette complexité qui fait aujourd’hui la richesse de nos sols, il faut remonter loin, très loin dans le temps, à l’époque du supercontinent de la Pangée -soit la réunion des continents tels que nous les connaissons aujourd’hui. C’était il y a près de 300 millions d’années, à la fin de l’ère géologique la plus ancienne, l’ère primaire ou paléozoïque, qui a vu la plus importante des cinq extinctions de masse ayant marqué l’histoire de la vie sur Terre. C’est à cette époque reculée que se forment aussi les noyaux des massifs alpins.

A partir de l’ère secondaire, ou mésozoïque (250 à 65 millions d’années), la Pangée commence à se disloquer et se sépare lentement en plusieurs blocs continentaux distincts, entre lesquels s’engouffre l’océan Téthys. Cette dispersion – connue aussi sous le nom de dérive des continents – se poursuit toujours. A la fin du Jurassique (environ 135 millions d’années), qui a vu les premiers mammifères côtoyer les dinosaures, les plaques tectoniques européenne et africaine entrent en collision, expulsant une partie de l’océan Téthys pris au piège. Le résiduel sera appelé océan alpin ou Téthys alpine. De cette collision naîtra la chaîne des Alpes qui, telle un mille-feuilles tout tordu, s’étend sur près de 1’000 kilomètres de long, de Nice à Vienne.

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