Dans le dernier bastion des FARC

© Rene Torres

Dix ans après avoir fui la Colombie, j'y suis retourné pour vivre «les derniers jours de guerre» du plus grand groupe rebelle du pays. Juste avant que les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ne signent un accord historique de cessez-le-feu avec le gouvernement en juin 2016 à La Havane.

Quand je repense à Saravena, mon village natal, c’est l’image et la voix de ma grand-mère qui reviennent hanter mon esprit. Tous les jours, vers 16 heures, elle m’appelait et me criait de rentrer vite à la maison. 16 heures, l’heure à laquelle commençaient habituellement les affrontements entre les FARC, les Forces armées révolutionnaires de Colombie, et l’armée régulière. Je me souviens encore de cette étrange atmosphère, de cette tension quotidienne. Il nous arrivait pourtant de prendre tranquillement le dîner alors même que le claquement des balles et des explosions retentissait au loin. Lorsque les déflagrations se rapprochaient trop, nous devions courir nous cacher sous les lits. J’avais à peine onze ans et j’ignorais que ces événements allaient marquer mon destin à jamais.

C’était il y a dix ans. Aujourd’hui, journaliste et photographe de guerre, je suis de retour dans mon pays natal avec pour objectif de partager le quotidien de ces combattants qui à l’époque ont poussé ma famille à fuir la Colombie. En ce début 2016, pour la première fois dans l’histoire du pays, les pourparlers de paix laissent augurer d’une cessation définitive des hostilités. Ce qui s’avèrera effectif en juin 2016, avec la signature à Cuba d’un accord pour mettre fin à la guerre et un cessez-le-feu irrévocable entre le gouvernement colombien et les FARC. Une avancée qualifiée d’«historique» par les observateurs après 52 ans de conflit.

Rencontrer les FARC n’est ni chose aisée ni de tout repos. En raison principalement de la structure hyperverticale de cette faction rebelle et de la défiance que nourrissent leurs chefs à l’égard des médias. Il a donc fallu patienter de longs mois, négocier avec de nombreux interlocuteurs par emails et messages interposés. Mais, une fois l’autorisation obtenue, j’ai pris le premier vol vers la Colombie. Pas le temps de flâner dans la capitale de 8 millions d’habitants, Bogota. Je dois immédiatement me rendre à Florencia, une petite ville du sud du pays, peu touristique et réputée fort dangereuse. Narcotrafiquants, militaires et groupes illégaux y cohabitent difficilement. Malgré mes efforts pour me fondre parmi les locaux, je ne passe pas inaperçu avec mon immense sac à dos et mon accent colombien déformé par mes années de vie en Suisse.

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