Roadtrip Bas Congo Roadtrip Bas Congo
Le gigantesque temple kimbanguiste de Nkamba.© Maëlle Schaller

Roadtrip au Bas-Congo (2/4)

Dans la province la plus ancienne et la plus dynamique de la République démocratique du Congo (RDC) coule le mythique fleuve Congo. Deuxième étape de notre reportage le long des 500 derniers kilomètres, de la gare abandonnée de Mbanza-Ngungu au port de Matadi.

Trônant au centre d’un carrefour de Mbanza-Ngungu, principale étape sur la ligne de chemin de fer Kinshasa-Matadi dans la province du Bas-Congo, le portrait géant d’un homme en pagne, pieds nus, avec une épaisse barbe noire. C’est Simon Kimbangu, le fondateur du kimbanguisme, un protestantisme à l’africaine, la première Eglise chrétienne non missionnaire fondée sur le continent. Né en 1889 dans le petit village de Nkamba, à 80 kilomètres de piste au nord de Mbanza-Ngungu, Simon Kimbangu a été formé par des missionnaires protestants. Son destin bascule en 1921: en sa présence, des aveugles retrouvent la vue, des muets la parole, des paralytiques se lèvent et marchent. Bible en main, il recommande à son entourage de ne plus boire d’alcool, de renoncer aux danses provocantes, à la sorcellerie et à la polygamie. En quelques semaines, sa réputation gagne la capitale. Par trains entiers, des Congolais se précipitent à Nkamba. Inquiétés par l’ampleur du phénomène, les Belges le font arrêter, l’accusent de troubles sociaux et le condamnent à mort. Gracié par le roi Albert, Simon Kimbangu est interné à perpétuité dans la province du Katanga, au sud du pays. Il y restera trente ans et mourra en prison en 1951. Huit ans plus tard, en 1959, soit un an avant l'indépendance, le kimbanguisme est reconnu par les Belges avant d’intégrer, en 1969, le Conseil œcuménique des églises chrétiennes (COE). Finalement, en 2011, la Haute Cour militaire de Kinshasa annule le jugement prononcé en 1921 contre Simon Kimbangu. Depuis lors, le kimbanguisme est la troisième religion du Congo avec 10 millions de fidèles, 17 millions dans le monde. Le chef actuel du mouvement est l’un des petits-fils du prophète, né le 15 octobre 1951, le jour même de la mort du proscrit. Nombre de fidèles voient en lui sa réincarnation.

Face au monument de Simon Kimbangu, entre le dépôt de boissons La Prospérité et le magasin de produits de beauté «C’est prévu», une petite agence de transports affiche ses tarifs à la craie. Sur le pare-brise du seul véhicule à destination de Nkamba, un portrait du chef spirituel. Penché sur son rétroviseur, le chauffeur taille sa frange avec une lame de rasoir. A l’intérieur, un vieillard rachitique, portant trois vestes les unes sur les autres. Il va se faire soigner dans la ville sainte. Les passagers épluchent et se partagent une racine de manioc cru. Ils me disent que mes bagages seront fouillés là-bas et qu’il est préférable de leur donner mon paquet de cigarettes… 

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