Sabrina De Sousa, ex-agente de la CIA et proie facile (1/2)

© Pierre Zagdoun

Une opération d’enlèvement par la CIA qui foire et voilà Sabrina De Sousa, ex-agente de l'Agence, sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Rencontre à Lisbonne avec une espionne déchue et broyée par la machine qu’elle servait.

Le 6 octobre 2015, une jeune femme se présente au contrôle de sécurité de l’aéroport de Lisbonne. Elle tend un passeport portugais à l’agent. Encore quelques secondes et elle saura si son plan a fonctionné. Plus que quelques mètres et elle pourra embarquer à destination de Goa pour enfin rejoindre sa mère. Le policier scanne son passeport, scrute l’écran de son ordinateur. Les secondes semblent des heures.
– Madame De Sousa, vous avez aussi un passeport américain.

Puis, après un silence:
– Il va falloir me suivre.

C’est ainsi que s’achève la cavale de Sabrina De Sousa, ex-agente de la CIA, recherchée par Europol. Après une nuit en détention au quartier général de la police portugaise, elle est relâchée. Mais sans ses passeports, confisqués le temps que la justice portugaise se prononce sur une demande d’extradition vers l’Italie. Quelques jours plus tard, je la retrouve dans le lobby d'un hôtel lisboète. Elégamment vêtue, in dirait que les épreuves n'ont pas de prises sur elle. La dureté dans le regard, le très léger rictus qui gâche quelque peu son sourire s'avèrent bien antérieurs à son arrestation. Ils sont les témoins d'une dizaine d'années d'embrouilles et de coups tordus au service de la Direction des opérations de la CIA. Il fait doux, l’été indien n’en finit pas de bercer Lisbonne. De moi, Sabrina De Sousa sait tout ce qu’elle doit savoir. L’inverse n’est pas forcement vrai. On se jauge.
– Il y a un agent du FBI qui parle beaucoup ces temps-ci, lâche-t-elle faisant référence à Mark Rossini, l’homme qui aurait dû contrecarrer les attaques du 11 septembre si des collègues et amis de Sabrina De Sousa ne l’avaient pas empêché de découvrir ce que la CIA fricotait avec deux des terroristes du 11 septembre.

Elle n’ignore pas que je l’ai longuement interviewé à plusieurs reprises. Je mentionne Alfreda Bikowski, l’un des officiers de la CIA qui a fait obstacle à Mark Rossini. Alfreda, la «Reine de la torture», ennemie mortelle de Rossini.
– Comment va Alfreda?
On se croirait dans un salon de thé.
– Alfreda va bien, merci. Elle s’est mariée l’année dernière avec un ancien responsable de la CIA, un homme que je connais bien.

A brûle-pourpoint, elle me relance, un sourire narquois aux lèvres:
– Que pensez-vous des déclarations de Mike Scheuer?

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