«Les réseaux de la corruption me tueront si je rentre au Brésil...»

© Gregory Collavini
Ancien responsable de la lutte anti-corruption brésilienne, Protogenes Queiroz a démantelé des réseaux de corruptions se chiffrant en milliards de dollars, dont l'ex-maire de São Paulo Paulo Maluf, l'agence de détective privée internationale Kroll ou encore la famille de l'ex président brésilien Lula. Il a échappé à quatre tentatives d'assassinat et s'est réfugié en Suisse où il espère obtenir le statut de réfugié politique.

C'est l'Eliot Ness brésilien, un policier dont les enquêtes font trembler jusqu'à la présidente Rousseff et son prédécesseur Lula. Or, Protogenes Queiroz a dû fuir le Brésil. Menacé de mort, il a demandé l'asile politique à la Suisse.

Ancien haut dirigeant de la police brésilienne et ex-député communiste, Protogenes Queiroz s’est exilé en Suisse depuis le mois d’octobre 2015. Alors que son pays était secoué par une violente crise politique, cet ancien chef de la section renseignement de la Police fédérale a déposé une demande d’asile auprès des autorités helvétiques. 

Pour s’être attaqué à la corruption dans son pays, cet avocat de formation a tout perdu. Radié des forces de l’ordre, il a été condamné à deux ans de prison pour une simple faute administrative. Il est vrai que le juge qui l’a condamné en première instance avait été incriminé dans une vaste opération anticorruption mise à jour par Protogenes Queiroz. L’injustice a été dénoncée par des hommes politiques, des parlementaires et des dirigeants de la police du plus grand pays d’Amérique du Sud. 

Mais, même si sa peine a été commuée en travaux d’intérêt général, cet Eliot Ness contemporain risque sa vie s’il retourne au Brésil. En mars 2016, sept.info a rencontré en Suisse cet homme menacé qui a survécu à quatre attentats, ce véritable incorruptible qui a fait chuter la maison de l’ancien président Lula.

Protogenes Queiroz, vous êtes considéré comme l’un des justiciers du Brésil, une sorte d’Eliot Ness des temps modernes. Vos investigations sur la corruption qui gangrène votre pays ont notamment fait tomber de son piédestal l’ancien président Lula (2003 et 2010). Aujourd’hui, vous êtes réfugié en Suisse. Pourquoi?
Je suis venu à Genève le 25 octobre 2015 pour participer à une conférence de l’Observatoire de la criminalité organisée dont je suis le président pour l’Amérique latine. Sur l’insistance de mes anciens collègues, de hauts responsables de la Police fédérale brésilienne, qui m’ont averti et conseillé de ne surtout pas bouger, j’ai décidé finalement de rester en Suisse où j’ai officiellement déposé une demande d’asile politique. Je connais ce pays. Je travaille avec les autorités suisses et des organismes helvétiques depuis 2005. Je me sens chez moi ici. D’autant que je vis au Brésil avec une citoyenne suisse.

Que risquez-vous au Brésil?
Si je rentre, je serai exécuté. Ma vie est en jeu. La structure de corruption à laquelle je me suis attaqué veut ma mort. Je détiens trop de secrets et trop de documents à son sujet. La justice de mon pays m’a enlevé la protection dont je bénéficiais en tant que policier. Je n’ai plus le droit de porter d’arme ni d’avoir une voiture blindée ou une escorte personnelle. Donc, j’ai décidé de chercher la sécurité qui m’est nécessaire pour poursuivre mon combat ici en Suisse.

La justice de votre pays vous a condamné à deux ans de prison pour abus de fonction. En principe, vous devriez rentrer, non?
Je dois me présenter le 20 avril devant la justice de mon pays pour purger ma peine. Sinon, elle lancera un mandat d’arrêt international et je risque d’être extradé vers la mort. J’ai vraiment peur. D’autant que des juges que j’avais mis en cause pour corruption sont en embuscade derrière ma condamnation.

Nous y reviendrons plus tard lors de notre entretien. Mais comment expliquer qu’un flic comme vous soit désormais une cible dans un Brésil démocratique et qui va accueillir les Jeux olympiques cet été?
C’est une longue histoire. Je me suis attaqué à des hommes politiques, à des banquiers, à des policiers, à des juges et aux plus grands narcotrafiquants du pays. En février 2015, j’ai pris part à l’une des opérations les plus délicates de la Direction du combat contre le crime organisé de la Police fédérale: Lava Jato ou lavage rapide .

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