Selon la légende, après la création du monde, Dieu convoqua tous les peuples afin de remettre à chacun un territoire. Les Abkhazes, connus pour leur grande hospitalité, recevaient des invités et ne purent se présenter à l'heure. Quand ils arrivèrent au cénacle, toutes les terres avaient été partagées. Dieu décida, vu les circonstances, de leur donner la Colchide, que l’on connaît aujourd’hui sous le doux nom d’Abkhazie, le «pays de l'âme» en langue indigène. Les Abkhazes n’en croyaient pas leurs yeux, Dieu leur avait offert… une part du paradis. Ce fantastique conte local illustre la fierté d’un peuple qui chérit son petit bout de terre de 215 kilomètres de littoral situé sur les rives de la mer Noire, au nord-ouest de la Géorgie.
Pays mythologique de la Toison d’or, ce territoire inaccessible et
mystérieux, dont le sol n’a que rarement été foulé par les
souliers occidentaux, m'a toujours fascinée. Les collines bordées
de vignes et de figuiers, les avenues côtières où se promènent
nonchalamment les vacanciers et les mystérieux sommets enneigés du
Caucase au loin m'ont immédiatement fait penser au jardin d’Eden.
Une impression renforcée encore par la magnificence et le charme
désuet des villas et des
majestueux palais de l'époque tsariste et bolchévique. Longtemps,
l'Abkhazie (Apsny en abkhaze) a été
une destination balnéaire prisée des élites en raison de son
climat tropical et de sa nature luxuriante. Même Staline
y avait fait construire une
datcha que l’on peut toujours visiter au bord du
beau lac turquoise Ritsa niché au coeur du Caucase de l'Ouest,
une expérience à la fois glaçante et étonnante tant la figure de
l'ex-tyran est encore adulée dans l'espace postsoviétique. Preuve
en sont les nombreuses échoppes qui débordent de bustes en plâtre,
pin’s ou portraits du petit père des peuples.