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L'affaire Calas, peinture de Casimir Destrem (1879). Le soir de la découverte du corps de Marc-Antoine Calas au rez-de-chaussée de la Maison Calas, rue de Fillatiers à Toulouse. Le capitoul David de Baudrigue (au tricorne) accuse publiquement Jean Calas du meurtre déguisé de son propre fils.© Musée du Vieux Toulouse

Pourquoi l’affaire Calas fait encore écho aujourd’hui

En 1761, la condamnation à mort de Jean Calas faisait trembler le système judiciaire français. L’intervention de l'écrivain-philosophe Voltaire allait inspirer de nombreux hommes à travers le monde en faveur de l'abolition de la peine capitale.

Dans la nuit du 13 octobre 1761, des cris retentirent depuis la boutique de Jean Calas, un marchand d’étoffes qui vivait et travaillait dans le centre de Toulouse. L’aîné des six enfants de Calas, Marc-Antoine, avait été retrouvé mort. C’était un jeune homme maussade mais plutôt beau garçon, qui aimait le billard et les jeux d’argent. Sa famille déclara qu’il avait été assassiné. Probablement passé par l’épée de quelqu’un qui s’était glissé dans la boutique depuis la rue pavée. Tandis que les enquêteurs étaient appelés, la foule se rassembla devant la porte d’entrée. Un médecin et deux chirurgiens mandés pour examiner le corps ne trouvèrent qu’une «marque livide sur le cou». Ils signèrent un rapport niant le récit de la famille sur un possible intrus portant une épée. Ils conclurent ainsi que Marc-Antoine, âgé de 29 ans, avait été «pendu encore vivant, par lui-même ou par d’autres». Ces cinq derniers mots, «par lui-même ou par d’autres», marquèrent le début d’un mystère durable et d’une polémique célèbre, devenu le «crime du siècle» des années 1700 – un cliché en vogue à cette époque. Voltaire, le philosophe, dramaturge, propagandiste – «le plus grand amuseur de son époque» – et le plus grand des polémistes devint obsédé par cette affaire. Pendant des années, il travailla à effacer ce qu’il considérait comme une tache pour son pays, pour l’Eglise et pour les tribunaux. Finalement, quarante juges se réunirent à Paris pour examiner à nouveau l’affaire Calas. Il y a 250 ans, le verdict fut publié, retentissant encore et encore partout en Europe et bien au-delà. En faisant directement appel au peuple, Voltaire utilisa l’opinion publique pour lutter contre l’injustice. Selon certains juristes, cette affaire tristement célèbre marquait également les prémices du mouvement mondial en faveur de l’abolition de la peine capitale.

Le système judiciaire français du XVIIIe siècle offrait peu, voire aucune protection des suspects, et une rumeur pouvait s’avérer plus mortelle que la peste. Et justement, parmi la foule rassemblée devant la boutique de Jean Calas, des rumeurs se répandirent. A l’automne 1761, Calas avait 63 ans, il était père de quatre garçons et deux filles, et marié à une cousine lointaine du philosophe Montesquieu. Sa boutique, spécialisée dans le coton imprimé, «calicots et mousselines gaiement imprimés», fonctionnait assez bien. La famille, pour ceux qui étaient encore à la maison, vivait sur deux étages au-dessus de la boutique. Calas était un huguenot, autrement dit un protestant dans un pays qui demeurait fermement catholique. La loi interdisait la pratique du culte protestant et imposait des restrictions à ses fidèles, allant des biens qu’ils étaient autorisés à vendre jusqu’au choix de leur profession. La médecine et le droit leur étaient interdits en l’absence d’un acte de catholicité, qui pouvait aller de paire avec une preuve d’appartenance à cette confession. Marc-Antoine montrait peu d’intérêt pour les affaires paternelles. Il était diplômé en droit, mais refusant de se convertir ou de compromettre sa foi, il fut interdit d’exercice.

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