Alaa al-Aswany: «La société égyptienne n'aura plus peur»

Le célèbre écrivain Alaa al-Aswany, traduit en 35 langues à travers le monde, se confie tandis que son pays, l'Egypte, vit sous la coupe d'un régime totalitaire.

Alaa al-Aswany Alaa al-Aswany
Alaa al-Aswany© Michael von Graffenried

Longtemps, Alaa al-Aswany a tenu une chronique hebdomadaire dans le journal égyptien Al-Masry Al-Youm (L’Egypte aujourd’hui, ndlr). Mais à fin juin 2014, il a renoncé. «Les opinions divergentes ou critiques ne sont plus les bienvenues désormais», regrette-t-il. «Il n’y a de place que pour l’éloge, au détriment de la vérité.» L’écrivain nourrit une vision impitoyable sur sa nation, et sur ce qu’elle a fait de la révolution du 25 janvier 2011. Celui qui est aussi dentiste de profession nous l’a confiée dans son cabinet du quartier de Garden City, au centre du Caire.

Les médias vous sollicitent avant tout pour des interviews ayant trait à la politique égyptienne, et non à la littérature. A la longue, n’est-ce pas un peu frustrant pour l’auteur que vous êtes?
Mettons-nous d’accord sur les termes. La politique ne m’intéresse pas. Je ne serai jamais candidat au Parlement, et n’accepterai jamais un poste dans ce domaine. De plus, il y a une énorme différence entre la politique et la révolution. La révolution n’est pas politique. C’est un combat pour la défense des valeurs humaines. Je ne peux pas imaginer un romancier qui ne participerait pas à un tel combat. Par essence, la littérature est une défense des valeurs humaines. J’écris pour les droits de la femme, pour la démocratie, pour la liberté. Lorsque des millions d’Egyptiens font face à la mort, ou sont tués pour avoir défendu la liberté, je ne peux pas rester chez moi. Je ne peux pas écrire des histoires d’amour sans rapport avec la vie des gens. Malgré son âge, Jean-Paul Sartre a participé à la révolution de 1968. Albert Camus, Gabriel Garcia Marquez ont aussi embrassé des causes semblables. C’est un combat pour la libération. Le monde arabe a été occupé, d’abord par les Européens, puis soumis aux dictatures. Comme le régime de Moubarak, qui était une forme d’occupation. Je continue à défendre la révolution égyptienne avec mon stylo. Mais jamais je ne ferai de la politique.

Cela dit, jusqu’à 2014, vous écriviez régulièrement des chroniques dans Al-Masry Al-Youm
Oui, mais il ne s’agissait pas d’analyse politique. Dans la plupart de mes papiers, j’utilisais la fiction. Et puis je tenais une chronique hebdomadaire pour Al-Masry Al-Youm, et je continue à en écrire une par mois pour le New York Times. Je connais mes limites. Je suis romancier, pas journaliste. D’ailleurs, à plusieurs reprises, j’ai refusé que mes chroniques soient quotidiennes.

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