L’histoire allemande défile le long de l’Autobahn 72

© Frédéric Therin
Les éoliennes ont poussé comme des champignons ces dernières années en bordure de l'A72.

Lancée en 1934 par Adolf Hitler dans le cadre d'un vaste programme d'urbanisation pour doper l'économie allemande, diminuer le chômage et assurer la propagande nazie, la construction de la modeste autoroute de 179 km aura nécessité près d'un siècle.

C’est une langue de bitume comme il en existe tant d’autres en Allemagne, un modeste serpent goudronné qui représente à peine plus de 1% de l’immense réseau autoroutier du pays. Ses longues lignes droites permettent aux fous du volant d’appuyer sur le champignon pour tester le potentiel de leurs grosses cylindrées briquées comme des sous neufs. Lorsque des panneaux indiquent une limitation de vitesse, les guépards se transforment en agneaux disciplinés en freinant pour respecter la consigne lumineuse. Les Allemands sont comme ça. Ils adorent rouler aussi vite qu’ils le peuvent tant qu’ils en ont le droit… Rebelles, mais dociles. Les Suisses comprendront, les Français probablement moins…

L’A72 n’est pourtant pas une autoroute comme les autres. A elle seule, elle résume l’histoire compliquée de l'Allemagne. Tout juste après avoir quitté l’A9 qui relie Munich à Berlin, les conducteurs peuvent apercevoir sur leur gauche, au sommet d’une petite colline, une vilaine tour en béton dont les vitres du haut ont été cassées il y a longtemps. Assez récemment, des amateurs du club de football de Chemnitz ont peint les couleurs et le nom de leur équipe sur les immenses parois grises.

Les rares touristes qui passent dans cette région du Vogtland se sont souvent demandé à quoi pouvait servir cette construction perdue au milieu de nulle part. En 2014, les autorités locales ont fini par installer, à côté de la bande d’arrêt d’urgence, un panneau montrant l’ancien Mur de Berlin au-dessus de ce simple message: «Ici était séparée l’Allemagne jusqu’à sa réunification le 3 octobre 1990.» La tour en béton qui tombe aujourd’hui en ruines était l'un de ces innombrables miradors qui permettaient aux militaires est-allemands de surveiller la frontière séparant la République fédérale d’Allemagne de leur fière et rouge République démocratique allemande.

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