Sept.info | Anna Chapman, l'espionne qui venait du froid (2/3)
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6 mars 2017. © Facebook

Anna Chapman, l'espionne qui venait du froid (2/3)

Bannie des Etats-Unis en 2010, l’espionne Anna Chapman est devenue une véritable star en Russie. Mais sa célébrité n’est peut-être qu’une couverture.

Quand elle est arrivée sur le sol américain en 2010, Anna Chapman a emménagé dans un appartement au 52e étage d’un gratte-ciel situé à un pâté de maisons au sud de la Bourse de New York. Elle prétendait diriger une société d’immobilier en ligne pesant deux millions de dollars. Pourtant, ses activités américaines se résumaient principalement à rencontrer des hommes, à poster des photos touristiques sur son compte Facebook et à composer les rapports inutiles qu’elle fournissait toutes les semaines aux officiels russes, assise dans des librairies et des cafés comme tout New-Yorkais qui cherche à tuer le temps. Sa vie fastueuse à New York a pris fin avec son arrestation, six mois à peine après le début de sa mission; cela n’aura été qu’une imposture, une couverture tout juste assez convaincante pour faire illusion. Le tribunal de district a vérifié ses finances, l’a jugée incapable de se payer un avocat et lui en a fourni un commis d’office. C’est à ce moment-là que les choses ont mal tourné et sont devenues carrément étranges. Anna Chapman se morfondait dans sa tenue orange au centre de détention Brooklyn’s Metropolitan quand l’idée de la célébrité, comme elle me l’a raconté, lui est «passée par la tête». Son avocat à New York, Robert Baum, lui livrait les journaux, dont le New York Post, qui a publié sept fois sa photo en une pendant ses onze jours d’emprisonnement durant l’été 2010. Elle a commencé à comprendre que sa vie allait prendre un nouveau tournant. «Je me souviens de ce moment, m’a-t-elle dit, et c’est un souvenir qui m’est très cher.»

Après son escale en Autriche, Anna Chapman est retournée en Russie enveloppée d’une aura de mystère, refusant de confirmer ou de nier les nombreuses rumeurs qui courraient à son sujet depuis son arrestation. Son père faisait-il du trafic d’armes en Afrique? Etait-elle proche du Prince William? Etait-elle un tireur d’élite confirmé? Anna Chapman se qualifiait elle-même d’entrepreneure, et c’est effectivement ce qu’elle est devenue en Russie après avoir échoué à New York. Dans ce changement de vie, elle a su tirer parti de ses appuis proches du pouvoirs. Au moment où je l’ai rencontrée pour la première fois, elle était rentrée en Russie depuis quelques mois et avait fait bon usage de son temps. Quand elle et les autres espions ont rencontré Vladimir Poutine en juillet 2010, peu après leur retour, l’ancien cadre moyen du KGB les a accueilli au son de chants patriotiques: «D’où vient notre mère patrie? Du serment que tu lui as prêté dans ton jeune cœur», disaient-ils. Une personne ayant fait affaires avec Anna Chapman m’a raconté qu’elle avait plus tard passé du temps avec les autres Illégaux dans la villa de Poutine sur la Mer Noire, mais qu’elle est la seule à avoir été invitée à faire un tour dans son sous-marin personnel, sous la surface du lac Baïkal. Le grand chef en aurait pincé pour elle. «Anna Chapman est la copine de Poutine», m’a confié son associé.

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