Pétrole, gaz et caviar

© Didier Ruef
Pollution dans les champs pétroliers de Balakhani, une municipalité de Bakou. 

L'extraction intensive du pétrole en mer Caspienne depuis plus d'un siècle a provoqué un désastre écologique: le sol est contaminé par les déchets, le matériel vétuste et obsolète laissé à l'abandon. Malgré l'ampleur de la pollution, une forêt de derricks continue à produire de l'or noir.

Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan, est aussi l’une des capitales mondiales du pétrole. Les champs de derricks abandonnés qui s’étendent le long de la mer Caspienne témoignent de cette exploitation séculaire. Désormais, c'est au large que l'on extrait le précieux or noir des champs pétrolifères sous-marins.

Depuis le XIIIe siècle, comme l’attestent les carnets de voyage de Marco Polo, le pétrole suinte du sol dans cette ancienne république du Caucase située sur la ligne de division entre l'Europe et l'Asie. Selon la légende, il suffisait de se baisser pour le ramasser. Ce n'est cependant qu'en 1871 que fut creusé le premier puits et, à la fin du XIXe siècle, Bakou devient le premier producteur mondial de pétrole. Les Rockfeller et les Nobel investissent dans son exploitation. Intégré en 1922 à l'Union soviétique (URSS), l’Azerbaïdjan fournit au régime communiste un carburant bon marché pour le développement de son industrie. Durant la Seconde Guerre mondiale, Hitler lorgne avec envie sur les forêts de derricks sans jamais parvenir à s’en emparer. Dès les années 1960, les rendements baissent faute d’investissements et de technologie, mais avec la chute du communisme, l'espoir renaît grâce à l’arrivée massive des Occidentaux et des Américains. En 1994, les autorités azéries signent un énorme contrat – souvent décrit comme le «contrat du siècle» de l’Azerbaïdjan -, avec un consortium emmené par le Britannique BP. Les perspectives sont réelles et alléchantes. Les forages reprennent. Néanmoins, l’espoir retombe rapidement. Certes le pétrole coule, mais en quantités moindres que prévues et le prix du baril au plus bas décourage les investisseurs. Certaines compagnies quittent le pays, d’autres s’accrochent, les réserves potentielles et les profits sont revus à la baisse.

Dès 2003, la remontée des cours du pétrole rend à nouveau l’exploitation plus rentable, même celle de puits anciens. De nouveaux forages, pour la plupart sous-marins, permettent de découvrir de nouveaux champs pétroliers et gaziers. L’Azerbaïdjan disposerait des 20es réserves mondiales avérées de pétrole et des 25es réserves mondiales de gaz, avec un potentiel offshore non exploré encore substantiel. L’essentiel de la production d’hydrocarbures est situé sur le champ d’Azeri-Chirag-Guneshli (ACG), qui représente 75% de la production nationale de pétrole et 45% de la production de gaz, exploité par la société nationale d’hydrocarbures SOCAR en association avec AIOC (le consortium mené par BP qui a obtenu, en septembre 2017, une extension de l’exploitation d’ACG jusqu’à 2050). Pour acheminer la précieuse ressource en toute sécurité, le consortium a notamment fait construire en 2005 un oléoduc de 1'776 kilomètres, le Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), qui contourne la Russie et l'Iran, considérés comme des partenaires ni fiables ni souhaitables, et relie le champ ACG au port turc de Ceyhan sur la côte méditerranéenne, en passant par Tbilissi en Géorgie.

La suite de cette histoire est payante.

Abonnez-vous

Et profitez d'un accès illimité au site pour seulement 7.-/mois.

Je profite → Déjà abonné? Connectez-vous.

Achetez cet article

Nouveau: dès 0.50 CHF, payez votre histoire le prix que vous voulez!

Je me connecte → Paiement rapide et sécurisé avec Stripe