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Jacques Barrière devant une photo de la maquette de la grande mosquée.© Quentin Müller

«J'avais beaucoup d'estime pour Saddam Hussein»

En 1997, Jacques Barrière, à l'aube de sa retraite, reçoit la proposition la plus folle de sa carrière: construire pour Saddam Hussein la plus grande mosquée du monde! Un projet symbolique pharaonique qui n’aboutira jamais, mais dont l’architecte a gardé les plans et d’excellents souvenirs.

C'est une maison qui détonne dans les rues proprettes de l'Isle, modeste banlieue de Limoges. Percée de vitraux aux motifs égyptiens, elle est la propriété de l'ancien architecte de Saddam Hussein. «Je suis un Limougeaud, pur sucre. J'étais destiné à l'enseignement, puis j'ai mal tourné... J'ai fait des études d'architecte», me lance, un brin narquois, Jacques Barrière dont les souvenirs s'étalent sur tous les coins de table et les murs de son bureau. Installés autour d'un café, le vieil homme né en 1934 me raconte cette folle histoire qui l'a conduit, avec deux autres collègues français, à côtoyer l'ex-dictateur irakien.

Comment tout cela a-t-il commencé?
C'était au mois d'octobre 1997. Un membre de l'ambassade du Royaume du Maroc à Paris, qui représentait à cette époque les intérêts irakiens en France, me téléphone et m'annonce tout de go que Saddam Hussein m'a choisi pour réaliser la plus grande mosquée du monde. Sur le moment, cela m'a paru totalement farfelu... Le fils du raïs (chef d'Etat dans les pays arabes, ndlr), qui gérait alors un quotidien irakien, était tombé sur mon projet d'obélisque de 171,90 mètres à la Villette pour le bicentenaire de l'expédition de Bonaparte en Egypte. La famille Hussein, elle, voulait des minarets de 250 mètres de haut! Quelques semaines plus tard, en décembre, j'ai rencontré à Paris, rue de la Faisanderie dans le XVIe, Ahmed Ibrahim el-Azawi, chef de la section du consulat de la République d'Irak. Il m'a confirmé ce qui m'avait été dit et m’a fait part des grandes lignes du projet de Saddam. Même si c'était difficile à croire, on parle de la plus grande mosquée jamais construite, le point d'orgue d'une carrière, ce n'était donc pas une blague. (Il se sert un «petit remontant» dans son café.) A l'issue de ce premier entretien, il était question que je rencontre la «cellule présidentielle» de Saddam Hussein en décembre, à Bagdad.

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