Barry Lee Jones, coupable idéal (2/7)

© DR

Pour les enquêteurs chargés d'élucider la mort de Rachel Gray, une fillette de 4 ans, tout porte à croire que Barry Lee Jones, le petit ami de la mère de Rachel, est le coupable. Mais de nombreuses failles mettent en doute l'accusation.

En première page de son édition du 3 mai 1994, l'Arizona Daily Star a relaté l’arrestation de Barry Jones. L’article mentionnait la chute présumée de Rachel du fourgon, mais citait également une voisine anonyme qui racontait comment la petite était entrée dans son camping-car en essayant de vomir: «Son visage était verdâtre, puis il est devenu blanc. Barry Jones avait l’air vraiment inquiet pour elle.» Une autopsie a été réalisée ce jour même. Elle a été menée par le Dr John D. Howard, médecin légiste du comté de Pima en présence de Pesqueira. Des indices montraient clairement qu’on ne s’occupait pas correctement de Rachel. Elle avait un poids insuffisant, moins de treize kilos. Ses dents de lait avaient des caries. Elle présentait des blessures externes: un «traumatisme contondant génital» et une profonde coupure du cuir chevelu. Mais cette blessure à la tête n’avait pas provoqué le décès de la fillette. Le légiste trouva «une lacération irrégulière de la partie descendante du duodénum», une partie de l’intestin grêle. Il s’agit d’une blessure relativement rare, souvent associée à des accidents de voiture, et probablement provoquée par un coup violent à l’estomac. «La mort a été causée par une lacération de l’intestin grêle due à un traumatisme abdominal contondant», a conclu le Dr Howard dans son rapport d’autopsie. 

Pendant ce temps, les enquêteurs du comté de Pima continuaient à interroger les enfants. Une femme du nom de Norma Lopez avait contacté le département du shérif pour signaler que le 1er mai vers 16 h 00, ses jumeaux de huit ans – une sœur et un frère – revenaient du supermarché Choice près de Desert Vista quand ils ont vu un homme avec des «cheveux volants» frapper une petite fille en conduisant un fourgon. La fille pleurait. «Ils pouvaient l’entendre et la voir, a affirmé cette mère de famille. Quand j’ai vu l’arrestation de Barry Jones à la télé, j’ai tout de suite compris que les enfants avaient vu ce même gars.» Interroger de jeunes enfants est une pratique difficile. Un intervenant non qualifié peut en retirer des témoignages peu fiables, voire imaginaires. A l’époque de la mort de Rachel, des entretiens forcés ou suggestifs avaient conduit à une vague d’accusations sur des rituels d’abus sexuels dans des garderies du pays. Des allégations aussi affreuses que précises, mais surtout fausses, qui ont mené à des condamnations injustifiées qui font, aujourd’hui encore, l’objet de recours en cassation. Malgré les recommandations déjà existantes en 1994 pour de meilleures pratiques d’interrogatoires d’enfants, le département du shérif du comté de Pima n’avait aucun protocole de ce type en place. Les jumeaux ont été interrogés ensemble, en présence de leur mère. Tous les deux ont dit avoir vu un homme frapper et donner un coup de coude à une petite fille alors qu'il conduisait une camionnette. Lorsque Laura, la sœur, a dit qu’elle n’avait pas regardé les nouvelles de 17 heures pour confirmer que Barry Jones était bien l’homme qu’elle avait vu, sa maman lui a rappelé que, oui, elle les avait regardées. L’inspecteur a demandé à Laura si elle se souvenait vraiment d'avoir regardé les infos. «Un peu», dit-elle. Comme Ray, le frère, n’arrivait pas à estimer l’âge de l’homme dans le fourgon, Norma Lopez est intervenue pour parler de son propre frère dans la trentaine. «D'accord, était-il à peu près comme ton oncle?» demanda le policier. «Euh, ben…» dit le garçon.

Les jumeaux Lopez allaient devenir les témoins clés de l'accusation. Becky, aussi, allait devenir un témoin important contre Barry Jones. Après l'arrestation de sa mère le 3 mai 1994, elle et son frère de 14 ans, Jonathan, ont été pris en charge par leur tante, Donna Foster. Le lendemain, Donna a contacté les enquêteurs: Becky avait quelque chose de nouveau à dire. Dans une interview enregistrée en vidéo, Becky se souvient avoir entendu Rachel se plaindre à sa mère que «Barry l'a frappée à la tête avec un pied-de-biche en métal». Becky n'avait pas vu le pied-de-biche et ne savait d’ailleurs pas vraiment ce que c’était. Mais elle a entendu sa mère et Barry se disputer à ce sujet. Dans son rapport, le détective écrit: «Becky déclare qu'elle était présente quand Rachel a dit à sa mère que Barry lui avait causé ses blessures.»

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