Mais où vont-ils? C’est ce qu’en viennent à se demander tous les jardiniers du sud des Etats-Unis lorsque les oiseaux-mouches à gorge rubis disparaissent. Ces «franges d’arc-en-ciel brillantes», comme les appelait John James Audubon, nous ravissent tout l’été par leur beauté, mais aussi par leurs mimiques. Ils sont plus divertissants qu’un feuilleton télévisé. Ils sont à la fois Amour, gloire et beauté et Les Feux de l’amour. Malgré les coussins délicatement brodés à leur effigie, ils ne sont pas délicats et, bien qu’ils se nourrissent de nectar, ce ne sont pas des anges.
Lorsque je suis chez moi, à Oxford dans le Mississippi, j’adore observer le mâle dominant perché dans notre poirier de Chine, caché dans le feuillage, à l’affût d’un autre colibri qui aurait la mauvaise idée de s’abreuver de son nectar. S’il en vient un pour s’y risquer, il se lance à sa poursuite et le malmène avant de se réinstaller sur son perchoir en ébouriffant son plastron de manière burlesque. Mais une fois que les érables ont commencé à rougir et que la saison de football américain a débuté pour l’Université du Mississippi, je me rends compte que je ne l’ai pas vu depuis un ou deux jours et que les mangeoires ne sont plus aussi fréquentées. Puis, une semaine plus tard, les colibris ont entièrement disparu. Longtemps après que les abreuvoirs ont été vidés de leur eau sucrée et les mangeoires nettoyées et rangées, la question demeure: «Mais où vont-ils?»