Isolation et démesure (2/2)

© Jean Revillard

A l'occasion de leur édition 2017, les Journées photographiques de Bienne dont sept.info est partenaire explorent le thème de l'extrême. Des «zones blanches» de la Drôme jusqu'au nord de la Sibérie, les artistes invitent à découvrir le monde en témoignant de ses excès.

Emma, Anne, Anne-Marie et Bernadette ont été diagnostiquées comme électrosensibles par une équipe du Professeur Belpomme à Paris. Cela signifie qu’elles ne supportent ni les réseaux électriques domestiques, ni les rayonnements électromagnétiques et à hautes fréquences comme ceux du téléphone mobile et de la wifi. 

Depuis des années, elles cherchent les fameuses white zones, des zones mortes sans champs électromagnétiques. Pour sa série Ondes, Jean Revillard les y a accompagné. Dans le département français de la Drôme, elles ont trouvé des lieux où elles peuvent dormir en paix. Les symptômes électrosensibles sont reconnus par l’OMC. Depuis décembre 2013, la France paie des rentes d’invalidité, mais ne reconnaît pas la maladie. Une étude suédoise montre que trois pourcents de la population mondiale sont électrosensibles.

La «Jungle» était un grand quartier résidentiel en périphérie de Calais, en France, entouré d'une clôture métallique et équipé d'eau courante et de lumière où vivaient plus de 6’000 réfugiés. Aujourd’hui le camp est démoli. «Nous avons imaginé comment nous aurions pu trouver une maison dans le camp. Derrière le projet ImmoRefugee, il y a un travail photographique de près de deux ans. Nous avons choisi l'ironie parce que, fatigués de la façon dont les médias traditionnels et de nombreux photographes traitent ce sujet, nous pensions qu'il était nécessaire d'apporter d'autres points de vue et d’autres récits.»

La série Night time tremors a été réalisée à Kiruna, petite ville suédoise au nord du cercle arctique. Construite au cours du siècle dernier pour répondre aux besoins des travailleurs des mines, elle tire sa principale ressource de l’extraction du minerai de fer. La dynamite, utilisée chaque nuit afin d’extraire le minerai de la montagne Kirunavaara, fait trembler le sol de la ville et menace de l’entraîner dans son effondrement. Chaque explosion augmente les fissures et les déformations du paysage, gagnant peu à peu Kiruna. Night time tremors est le portrait d’une ville où la normalité s'épanouit sur un sol instable, au propre comme au figuré.

The Price of Vanity est un projet à long terme dont le but est de raconter le sacrifice qui se cache derrière les valeurs impitoyables de la haute couture et de sa tendance culturelle dominée par les canons de beauté implacables. Ce marché évalué à plusieurs millions de dollars par an condamne des millions d'animaux à un élevage intensif pour la production de fourrure, de plumes ou de cuir pour les vêtements. Le seul secteur des peaux d'animaux estimé à 40 millions de dollars est en constante croissance au vu du nombre d'exploitations intensives dans le monde.

Ici tout est glace, sans appel. On s'interroge alors sur les conséquences de ces extrêmes sur l’homme. A Yakoukst, au nord de la Sibérie orientale, où vivent 270'000 habitants, les températures oscillent entre -40 et -50°C l'hiver. Des conditions que n’éprouvent que les cordées de l'Everest, glace, brouillard et ombres furtives. Dans un tour du monde des villes de l’extrême, de la ville la plus basse à la ville la plus polluée en passant par la plus peuplée, sur une planète où la moitié de la population vit en milieu urbain, Yakoukst, la ville la plus froide du monde, est la première du projet Villes +.

Extraits des Journées photographiques de Bienne du 5 au 28 mai 2017.