Du passionné isolé au sauveteur du patrimoine national

© Gregory Collavini
Sept des créations en cuir de Jean-Claude Bovet.

Fils de paysan et artisan de génie, Jean-Claude Bovet a consacré sa vie à créer, puis à restaurer des colliers de vache en cuir brodé. Une vocation originale reconnue et honorée par le Prix du patrimoine culturel romand en 2015.

Atypique. L’adjectif convient bien au personnage haut en couleur qu’est Jean-Claude Bovet. Pur produit du terroir gruérien à l’accent bien marqué, ce grand-père de 70 ans est en possession d’un secret bien gardé, la formule du produit qui régénère les cuirs anciens. Tête dure et verbe haut, il supporte mal la critique. «Surtout quand j’ai raison!» précise-t-il nonchalamment. Dans le district de la Gruyère, sa réputation n’est plus à faire. Il connaît toutes les familles de la région; s’il tutoie aussi bien les conservateurs de musée que les paysans, c’est grâce à son intérêt de toujours pour le rîmo, mot patois qui désigne les courroies en cuir brodées qu’arborent fièrement les vaches lors de la désalpe. Dès son enfance, Bovet s’est passionné pour ces colliers décorés avec finesse. L’accessoire indispensable au concerto de cloches lors du passage du troupeau. «On ne parle pas de cloches, mais de sonnailles», corrige-t-il d’emblée. Le ton est donné. Pas de place à l’imprécision lorsqu’on aborde son sujet de prédilection.

Les mains croisées sur la table de sa cuisine à Bulle, il nous ouvre volontiers les portes de son univers. Pour autant qu’on ne l’interrompe pas trop souvent. Sa femme, Marie-Thérèse, n’est d’ailleurs pas la bienvenue dans la conversation. Encore moins lorsqu’elle avance, en nous servant un café, que «les cloches et les colliers, ça ne peut pas intéresser tout le monde.» Une moue agacée se dessine sur le visage de Bovet et la conversation se poursuit au premier dans son atelier, «pour plus de tranquillité». A l’étage, la pièce sent le cuir à plein nez. Des lanières de différentes couleurs pendent le long d’une paroi. Alènes, pinces et marteaux sont rangés par catégories dans un meuble. C’est ici sous les toits, où la vue sur le Moléson rime avec inspiration, que l’artisan laisse libre cours à son imagination. «Au total, j’ai créé environ huitante courroies. Il n’en existe pas deux semblables. La première remonte à 1964 et la dernière date de 2015, c’était un cadeau pour les 40 ans de mon fils». Sur sa table de travail, Bovet dessine, découpe, colle, brode… Chaque motif est réalisé en amont sur un chablon qui sera ensuite reporté sur le cuir à l’aide d’un poinçon. Au vu de la complexité de certains dessins, on comprend qu’il lui a fallu plusieurs années d’expérience pour arriver à la dextérité qui le caractérise aujourd’hui.

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