Cabo de Santo Augustino. Marcos Mariano da Silva, 28 ans, vit une vie sans histoires. Garagiste, sa petite entreprise a bonne réputation dans le quartier. En complément, il retape un ou deux taxis qu’il loue afin d’arrondir les fins de mois. Il lui faut bien ça, Mariano est déjà père de six enfants. En 1976, la vie est dure dans cette ville de la périphérie de Recife, capitale du Pernambouc, l’un des neuf Etats de la région Nordeste, connue pour sa pauvreté extrême.
La violence envahit la petite ville de banlieue. Les sécheresses de l’intérieur des terres poussent de plus en plus de personnes à fuir vers les grandes villes et leurs banlieues pour ne pas mourir de faim. Sans emploi, sans relations, sans logement, ils s’entassent dans des habitations de fortune. Cabo de Santo Augustino explose de partout.
Les conditions de vie déplorables attisent les disputes qui se multiplient dans le quartier, souvent pour des motifs futiles, parfois pour des embrouilles de voyous. Régulièrement, cela se termine au pistolet. C’est l’un de ces incidents qui va changer la vie de Mariano.
Une fois de plus, il y a eu une fusillade: un homme s’est fait buter. Mariano est tranquillement en train de manger dans un bistrot quand un ami vient le prévenir: «Ton garage est plein de flics. Quelqu’un s’est fait descendre et il est tombé sur l’un de tes taxis. A cause de la carrosserie couverte de sang, ils pensent que c’est toi qui as fait le coup!»
Mariano se rend immédiatement sur place pour tirer ça au clair. Il clame son innocence, proteste, se débat… Rien à faire. La police tient son coupable, son nom est sur toutes les lèvres. Pas le temps de se faire entendre que déjà le jugement tombe tel un couperet: 12 ans pour meurtre.