🚧 Sept.info | Le dernier voyage du paquebot (1/2)

Le dernier voyage du paquebot (1/2)

Le Buffet première. La salle, classée sera rendue à son allure originelle après les travaux, sans les séparations et les luminaires. © Jean-Claude PĂ©clet

En janvier 2016, le Buffet de la gare de Lausanne a fermé ses portes pour deux ans de travaux, entraßnant le licenciement de 84 personnes. Portraits de celles et ceux qui ont fait tourner cet établissement unique toutes ces années, parfois depuis 45 ans comme Marie-ThérÚse.

Ce mercredi 6 janvier 2016 avant neuf heures, ils font dĂ©jĂ  la queue. Dans la journĂ©e, environ trois mille personnes vont s’arracher les 887 chaises, 313 tables, 480 luminaires, 830 cendriers du grand cafĂ© qui aurait dĂ» cĂ©lĂ©brer ses cent ans d’existence cette annĂ©e. Plus la lĂ©gendaire horloge du Freeport qui avançait (exprĂšs) de cinq minutes, les piles de nappes en tissu, des fours Ă  gaz, un pressoir de 1876, un piano droit, des casseroles Ă  moules, les podiums de la Salle des Cantons qui ont vu dĂ©filer tant de politiciens, bonimenteurs, Ă©vangĂ©listes


Un vĂ©ritable inventaire Ă  la PrĂ©vert. Un septuagĂ©naire songeur observe la cohue des chasseurs de bonnes affaires: «Tout ce qui sort, c’est le restaurant qui explose. Je m’en remettrai, mais cet Ă©tablissement Ă©tait unique.» Ses mains n’enserrent qu’une petite saliĂšre, achetĂ©e «comme souvenir».

Les objets ont-ils une Ăąme? Les salles ont-elles une Ăąme? La gauche lausannoise le pense puisqu’en 2008, apprenant que l’aile ouest de la gare allait ĂȘtre rĂ©novĂ©e, elle lançait une pĂ©tition pour dĂ©fendre les «lieux de parole et de rencontre face Ă  la marchandisation». AprĂšs avoir rĂ©coltĂ© 1’400 signatures, elle a rĂ©ussi Ă  en sauver trois petits.

Etrangement, la mĂȘme gauche est restĂ©e muette quand, dĂ©but 2015, un entrefilet de 24 Heures a annoncĂ© que la fermeture du Buffet, pour deux ans de travaux, entraĂźnerait le licenciement de ses 84 collaborateurs. Les dĂ©fenseurs de la veuve et de l’orphelin n’ont pas eu un mot pour saluer ces travailleurs, Ă©trangers pour la plupart, qui leur apportaient les bouteilles d’Henniez sur les nappes vertes autour desquelles eux-mĂȘmes redessinaient un monde supposĂ© meilleur.

Leurs visages, pourtant, auraient dĂ» leur ĂȘtre familiers. Celui de Marie-ThĂ©rĂšse par exemple, qui s’occupait justement des salles de rĂ©union depuis
 45 ans. Vous avez bien lu: en quarante-cinq ans de service, elle a connu quatre gĂ©nĂ©rations de patrons, des PĂ©clard Ă  Carlo de Mercurio, en passant par EugĂšne Chollet et Alexandre Scheuchzer. 

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