La tour de Babel de l’argent sale (4/4)

© DR

Au milieu du triangle d’or du luxe new-yorkais, à deux pas de Central Park, la tour Trump domine la Cinquième Avenue. Dès son inauguration en 1983, elle agit comme un aimant à criminels.

Donald est grand, Trump est son prophète. Une campagne de pub de près de deux millions de dollars clame haut et fort le triomphe de l’empereur. L’endroit attire les superlatifs. Rien n’est trop bon pour les occupants de la tour: les meilleures coiffeuses, masseuses, la crème des aides domestiques, des voituriers au top, blanchissage et nettoyage à sec haut de gamme, une armée de sténographes, d’interprètes, de secrétaires, un service de limousines sans pareil et même une flotte d’hélicoptères. Tout cela sur simple demande à la conciergerie. What else? La tour est le centre de gravité du milliardaire. Derrière sa façade en zigzag, des strates d’appartements empilés sur des étages de bureaux, l’ensemble reposant sur un centre commercial. Il y a un Trump Grill, un Trump Café et un Trump Bar. Un portier en livrée accueille les touristes qui pénètrent dans le hall de marbre italien. «Il y en a tellement qu’une montagne a été démolie pour cela», s’est émerveillée sa première femme, Ivana, dans une interview au magazine GQ en 1984.

Avant l’ouverture, Trump tente l'un de ces attrape-gogos dont il a le secret. Il fait savoir que le prince Charles est sur le point d’acheter un des plus beaux appartements de la tour. En réalité, le premier acquéreur n’est guère présentable. «Voici comment je travaille, explique Trump à l’un de ses associés. J’appelle le rédacteur en chef d’un des tabloïds de New York et je lui dis que la princesse Diana et le prince Charles vont acheter un appartement dans la tour Trump. Ils vont voir leurs sources, appellent Buckingham Palace. Le commentaire est: “Pas de commentaire.” C’est comme ça que le public a été convaincu que la princesse Di et le prince Charles allaient acheter un appartement dans la tour Trump.» En fait de famille royale, l'un des premiers occupants est un tyran déchu, l’ancien dictateur haïtien Jean-Claude «Baby Doc» Duvalier. C’est moins chic et plus sanglant que les Windsor mais comme il a déboursé 1,6 million de dollars (en se dissimulant derrière une société panaméenne, Lasa Trade and Finance), Donald n’a rien à dire. Pas même merci. Ce n’est pas son style. Tous les résidents ne sont pas des tyrans ou des truands. On trouve aussi des avocats et des hommes d’affaires. L’entrée latérale leur est réservée. Des ascenseurs actionnés par des liftiers en queue-de-pie les conduisent, au plus près des nuages, dans leurs luxueux appartements.

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