A la recherche des fantômes du Cap Arcona (1/3)

© Gérard A. Jaeger
Sur la voie maritime de la mer du Nord, les rails de navigation sont étroits.

Je ne sais pas encore vers quels rivages de l’Histoire va m’emmener le grand cargo, dont le nom laisse présager bien des aventures. Sur sa coque bleue piquée de rouille est inscrite la colère du Ciel: Nabucco, roi de Babylone, qui se prenait pour l’égal de Dieu… De tempête en champs de glace, il me fera perdre le nord.

L’air est saturé d’un brouillard lourdement ancré sur le sol. Soudain, le train s’immobilise dans une ultime secousse. Mon sommeil s’interrompt, mais un rêve m’habite. Nous descendons au terminus maritime de Zeebrugge, dans le nord de la Belgique. Une humidité glaçante enveloppe la petite gare de briques rouges. Il est à peine six heures du matin.

Je suis accompagné de ma femme, qui m’assiste comme à chacun de mes repérages. C’est elle qui les organise. Nous contournons le bâtiment dont les portes du hall sont encore closes. L’agent de la compagnie maritime qui doit nous accueillir devrait être là, mais il est en retard. Nous battons le pavé, seuls au monde. Un réverbère balance à sa triste potence une ampoule nue, qui clignote, hésitante, s’éteint, puis se rallume au gré du hasard. Par habitude. Elle projette dans les flaques une lumière agressive. Sur le rond-point qu’elle éclaire par intermittence, la pesanteur a figé le temps. Elle lui a fait perdre son cap. Patients, nous sommes encalminés, assis sur nos sacs, à la manière des personnages surréalistes du peintre Paul Devaux. Pour nous comme pour eux, cette gare préfigure l’accès aux contrées de l’imaginaire.

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