La première vampire de l’histoire

La cruauté des crimes d’une comtesse des Carpates du XVIIe siècle inspira de nombreuses légendes horrifiques. Son nom: Erzsebet Bathory.

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L'un des nombreux portraits d'Elizabeth Bathory. © DR

Le mot «assassine» a quelque chose de séduisant, le charme venimeux de double «s» reptiliens. Mais les meurtrières nous passionnent en tant que telles. Nous les aimons intelligentes, glamours, fortes et taillées pour un bon biopic hollywoodien – tout ce que la tueuse en série du XXe siècle n’est pas. La plupart des meurtrières modernes sont issues des couches les plus défavorisées de la population: elles ont des problèmes de drogue, un faible niveau d’éducation, des petits boulots peu qualifiés qu’alternent de longues périodes de chômage. Elles ne torturent pas, ne donnent pas dans la tuerie de masse ni dans l’excès de violence. Elles utilisent le poison, le couteau ou les armes à feu. Rien de spectaculaire. Il en va autrement en ce qui concerne la première tueuse en série de l’histoire. Voilà une femme qui n’a cessé d’être immortalisée, vampirisée, sexualisée par l’histoire, depuis la découverte des compte-rendus de son procès dans les années 1720. On parle ici de la reine des tueurs en série, de la sainte patronne des maîtresses de donjon, de la femme qui inspira non pas un, ni deux, mais huit noms de groupes de black metal, de la terrible comtesse hongroise en personne: Erzsebet Bathory.

Erzsebet Bathory reçut tous les attributs d’une vie enviable. Elle naquit en 1560 au sein de l’un des clans familiaux les plus puissants d’Europe centrale, comme en témoignent sa fortune immense et son éducation raffinée. Enfant précoce, la petite Erzsebet savait lire et écrire en hongrois, grec, latin, allemand et même en slovaque, la langue que parlaient beaucoup de ses servantes. Elle mit le grappin sur un mari d’un prestige fabuleux, posséda son propre château, et finit sa vie plus riche que le roi de Hongrie lui-même (Rodolphe II, ndlr). Mais l’argent, le pouvoir et la beauté ne suffisent pas à dompter une nature maléfique. La comtesse Bathory termina ses jours recluse dans sa précieuse forteresse, les mains pleines du sang de centaines de jeunes vierges, devenant ainsi la tueuse en série la plus célèbre de tous les temps. 

C’est que, voyez-vous, tout n’était pas parfait dans le monde de la petite Erzsebet. On rapporte qu’elle souffrait de crises terribles dans son enfance, sans doute d’épilepsie. Comme nombre des clans nobles des temps anciens, la famille Bathory avait un fort penchant pour la consanguinité  – il fallait bien conserver la fortune au sein de la famille –, qui produisit au cours de l’histoire un grand nombre d’aristocrates dotés d’une faible constitution et d’une propension à la folie (en analysant l’écriture de la comtesse des siècles plus tard, des experts graphologues ont relevé des signes de schizophrénie). D’après la légende, Erzsebet fut même témoin d’événements terribles dans son enfance, comme le châtiment d’un paysan coupable de vol, cousu vivant à l’intérieur d’un cheval à l’agonie. A la vue de la tête de l’homme émergeant du corps de l’animal, la petite Erzsebet aurait laissé échapper un gloussement. Que cette anecdote fût vraie ou non, il n’en reste pas moins qu’elle dut assister à son lot de violences. En ce temps où les paysans n’avaient aucun droit, il était parfaitement acceptable de punir brutalement un domestique. Il est aussi probable qu’Erzsebet ait assisté à des exécutions publiques. Mais elle ne se distinguait pas seulement par son intelligence et son étrange insensibilité à la violence, Erzsebet était aussi splendide. Un portrait en date de 1585 la dépeint comme une beauté délicate et habitée, avec un haut front pâle – les femmes de l’époque s’épilaient la naissance des cheveux pour mettre en valeur leur front – et des yeux tristes, légèrement tombants.

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