La montée au Moléson (1/4)

© Ludovic Péron
Le Moléson depuis le lac de la Gruyère, 2008.

Charnière entre les mondes latin et germanique, situé entre Genève, la Rome protestante, et Berne, la puissante république, le territoire fribourgeois a été traversé par de nombreux écrivains voyageurs. Ceux-ci nous ont laissé le témoignage de leurs impressions.

Léger-Marie-Philippe Tranchant (1769-1815), comte de Laverne, est né au château de Borrey, près de Vesoul. En 1783, à l’âge de 14 ans, il entre en qualité de sous-lieutenant dans les dragons. Tranchant de Laverne fuit la Révolution française, «cette calamité», pour la Suisse (1793). Il y écrit son Voyage d’un observateur de la Nature et de l’Homme «au milieu de ces troubles politiques dont [il] ressentai[t] la funeste influence». La beauté du pays est propice aux réflexions: «observer, méditer, s’instruire». Malgré les propos chaleureux tenus sur le canton, son texte ne connaît aucun compte rendu critique dans une revue érudite de l’époque. Deux ans plus tard, il fuit avec sa femme en Russie où il est employé par Alexandre Kourakine, ministre et vice-chancelier impérial. Rentré en France à la veille du coup d’Etat du 18 Fructidor (septembre 1797), il trouve asile à Vienne. En 1800, il peut enfin regagner la France où il travaillera dans l’administration, puis comme traducteur.

Les propos que tient Tranchant de Laverne dans ce texte sentent bon la nostalgie, lorsqu’ils ne sont pas teintés d’une grande mélancolie et de propos philosophiques. Partant du village de Montagny-les-Monts, il parcourt le canton à pied afin d’atteindre le lieu qu’il s’était fixé: le Moléson. Il cherche à profiter du paysage et à être en harmonie avec la nature. Il s’agit d’un texte stéréotypé, magnifiant la Gruyère, perçue comme idyllique, refuge de l’humanité primitive lorsque Dieu a noyé la planète sous le Déluge. Oui, l’âge d’or se perpétue en Gruyère, à l’écart du chaos de la Révolution française…

Alain Chardonnens, historien, enseignant et formateur à Fribourg

J’étais réfugié dans cette contrée; j’habitais un village de la partie vaudoise du canton de Fribourg, appelé Montagny, et déjà maintes promenades m’avaient appris qu’indépendamment de ses beautés les plus frappantes, la Suisse garde mille charmes secrets pour ceux qui se donnent la peine d’en faire la recherche, lorsque l’aspect des montagnes, qui de jour en jour me séduisait davantage, m’inspira enfin un désir si vif de les voir de plus près, que je résolus de le satisfaire.

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