Perçant la brume opaque et polluée, des immeubles à perte de vue. Fins et hauts, parfois plus d’une trentaine d’étages, ils ont poussé là comme des champignons après qu’une pluie de projets immobiliers s’est abattue sur la région. Entre les façades s’articulent de larges routes qui se croisent dans des noeuds inextricables de ponts et plateformes pour rejoindre les trois périphériques qui ceinturent la ville. S’ajoutent encore les circuits des deux roues, les passerelles piétonnes… Dans ce décor gris fourmillent les Chengdunais, imperturbables.
Celle que l’on surnomme la Cité des hibiscus est l’une des plus anciennes villes de Chine. Son histoire remonterait au royaume des Shu, il y a plus de 2’600 ans. Un passé prestigieux disparu sans laisser de traces apparentes. «A cause du développement urbain de ces trente dernières années, il est presque impossible de trouver des marques de l’ancien Chengdu, prévient Di Wang, professeur à l’Université du Texas et chercheur sur l’histoire sociale de la capitale du Sichuan. A moins d’être guidé par des spécialistes locaux.» Alors que la capitale du Sichuan concentrait 800’000 citoyens sur une dizaine de kilomètres carrés à la fin des années 50, elle est aujourd’hui vingt fois plus étendue et compte quelque 9,2 millions d’habitants. Hormis les petits bourgs absorbés par la métropole, les vestiges de l’ancien Chengdu se concentrent dans un périmètre très limité.