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Dag Hammarskjöld est arrivé au Congo le 13 septembre 1961 pour superviser les opérations de la Force des Nations Unies au Congo (ONUC), créée en juillet 1960 à la demande expresse du gouvernement congolais d'une assistance militaire des Nations Unies. Le Suédois perdra la vie quatre jours plus tard. © Kessava Packiry

L’étrange assassinat de Monsieur H.

Dans la nuit du 17 au 18 septembre 1961, Dag Hammarskjöld, secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, meurt dans le crash de son avion abattu au-dessus de la Rhodésie du Nord (actuelle Zambie). La Fribourgeoise Monique Rime, née Cégel, qui a travaillé pour lui à l’époque témoigne.

En cette fin d’après-midi de septembre 1961, le soleil ne relâche pas son étreinte sur la capitale du Congo, Léopoldville. La future Kinshasa est la plus grande et la plus moderne ville africaine de l’époque, avec ses quelque 270’000 habitants – dont près de 18’000 Européens –, ses transports en commun, son stade de 70’000 personnes et son chantier naval planté le long du fleuve Congo. Une chaleur poisseuse règne sur ses larges avenues qui abritent les sièges de grandes sociétés. Heureusement, l’Hôtel Royal, que l’Organisation des Nations Unies (ONU) a réquisitionné pour en faire son quartier général, dispose de solides climatisations poussées à leur maximum. Depuis les fenêtres du bâtiment, situé au bout de l’immense boulevard Albert 1er, dans le quartier des administrations, des palais de justice et du gouvernement, Monique Cégel observe un long convoi s’ébranler. C’est celui qui conduit vers l’aéroport le grand patron de l’ONU Dag Hammarskjöld, un nom suédois imprononçable qui s’est trouvé une variante de secours: Monsieur H.

Dans la dizaine de voitures qui le composent se trouvent également Vladimir Fabry, conseiller juridique de la mission des Nations Unies au Congo (ONUC) et supérieur direct de Monique Cégel. Il y a aussi Alice Lalande, l’efficace et dévouée assistante de Sture Linnér, le plus proche collaborateur de Monsieur H. et chef de mission, ou encore Harold Julien, ancien marine et responsable de la sécurité à Léopoldville. Tous accompagnent Dag Hammarskjöld dans l’Albertina, un quadrimoteur qui attend sur un coin du tarmac de Ndjili. Le DC-6B, affrété par l’ONU pour le transport de personnalités, a fière allure malgré une livrée dépouillée. Seul le logo de l’organisation, apposé sur l’imposante dérive de queue verticale, témoigne de son appartenance. Les quatre moteurs Pratt & Whitney, enclenchés pour tester leur bon fonctionnement, ronronnent dans un bruit assourdissant. Bientôt, l’avion va pouvoir s’envoler pour Ndola, à mille kilomètres au sud-est. Petite bourgade perdue de la «Ceinture de cuivre», la Copperbelt, Ndola se trouve en Rhodésie du Nord, l’actuelle Zambie, à la frontière avec le Katanga, une riche province minière grande comme l’Espagne qui attise les appétits des grandes puissances mondiales et n’entend pas rester dans le giron du Congo, libéré un an plus tôt de son joug colonial belge. Pour y parvenir, elle peut compter sur le soutien de firmes occidentales qui financent et arment le gouvernement de Moïse Tshombé et son demi-millier de mercenaires. La mission de Monsieur H. est des plus cruciales: rendre à la raison Moïse Tshombé et mettre fin à la sécession katangaise pour réunifier le Congo et ramener la paix dans la région. Monique Cégel ne le sait pas, mais c’est la dernière fois qu’elle verra le secrétaire général et ses accompagnants vivants. Dans la nuit du 17 au 18 septembre 1961, peu après minuit, l’Albertina s’écrase.

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