Sur les pointes. Ses pieds ne touchent plus le sol que par un seul orteil. Elle s’élève dans les airs, comme une ballerine qui tenterait de s’envoler. Soutenue par deux crochets plantés dans son dos comme les ailes d’un bel oiseau, la danseuse quitte son corps. Dans la salle obscure, à la seule lueur des bougies, Valentine renaît. Tremper ses mains dans l’eau fraîche. L’un derrière l’autre, Valentine, Valder (prénom d’emprunt) et Wodan (prénom d’emprunt) pénétrent là où le rituel prendra place, un local habituellement dédié à la pose de piercings. Humer l’encens. Se purifier. Prendre maintenant place dans le cercle de bougies. Douze flammes, pour les douze mois de l’année, disposées en fonction des quatre points cardinaux. Tourner en rond l’un derrière l’autre quelques secondes dans le sens des aiguilles d’une montre, pour finalement s’arrêter et fixer la chaise sur laquelle est disposé le cordage qui soulèvera la jeune femme par la peau. Partager une gorgée de vin versé dans un «graal» en trinquant à la santé de Valentine: «A ton voyage». La chaleur des chandelles détonne sur le carrelage glacial.
Ce rituel est important: il permet de se concentrer sur la jeune femme de 23 ans. Pour que son mental soit puissant. Afin que nos énergies l’accompagnent alors qu’elle s’apprête à se faire suspendre. Valder, 34 ans, modificateur corporel, commence par introduire deux aiguilles de quatre millimètres transperçant la peau des épaules de part en part. Le pierceur passe ensuite deux crochets dans les trous laissés par les aiguilles. Ils ressemblent à ceux que l’on voit dans les étalages des boucheries. Vague moue de Valentine: «C’est supportable…» Les crochets transpercent la chair comme un couteau dans du beurre. Pas de sang.