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© Danila Tkachenko / Peperoni Books

Les Russes qui vivent au fond des bois

Danila Tkechenko nous emmène au fin fond des forêts de Russie et d'Ukraine à la rencontre d'ermites.

Solitude, dépouillement, radicalité, folie même: les images de Danila Tkachenko sont peut-être les plus frappantes des trois portfolios consacrés à la thématique du retour à la terre. Aux portraits de ces hommes marqués, certains montrés littéralement à nu, fait écho le vert profond, quasiment aquatique, des forêts qui semble vouloir déborder du cadre. Nous sommes ici loin, très loin de la civilisation. Les cahutes primaires, improbables, dans lesquelles vivent les ermites paraissent sorties d’un inquiétant conte de fées. Le livre Escape fait alterner avec brio l’humain, la forêt et les preuves dérisoires de sa vie dans cet environnement. C’est au fond des bois russes et ukrainiens que Danila Tkachenko est allée chercher ces ermites, tous de sexe masculin. Sur une période de trois ans, après avoir gagné leur confiance, il les a fait poser. Il a également enregistré leurs propos. Certains, reproduits dans le livre par le biais de textes concis, laissent entendre les raisons qui les ont poussés en marge de la société.

«Je me sens plus en sécurité dans les montagnes (…) La solitude vous donne l’opportunité de profiter, à nouveau, des choses simples», dit l’un. «J’ai tué un homme, confie un autre. Après avoir purgé ma peine, je ne pouvais toujours pas me le pardonner, alors je suis allé dans les bois pour prier pour mes péchés.» Un troisième: «Je suis parti suite à la mort de ma femme, elle aurait peut-être pu être sauvée mais personne ne nous a donné d’argent. Les deux premières années, ce n’était pas toujours facile. Une fois, en hiver, je me suis réveillé avec des doigts gelés et j’ai dû les amputer. Et puis, je me suis habitué. (…) Je n’aime pas les gens, je n’aime pas leur parler.» Les hommes photographiés ici sont tous différents. L’un a fait vœu de silence, l’autre s’invente une nouvelle religion, un autre encore ne crache pas sur un bon verre de vin et un cigare. Mais, souligne Danila Tkachenko, tous ont en commun un comportement spontané. «S’ils sont de mauvaise humeur, ils réagissent en conséquence, sans le cacher.»

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