Alexandre Dumas publie en 1855 Henri IV et sa cour. Ce texte fait partie de la série Les Grands Hommes en robe de chambre: César, Henri IV, Richelieu parue dans Le Mousquetaire.
Le roi Henri IV devient sous la plume du romancier un héros épique, courageux, humain galant, soucieux de l’unité du royaume. Alexandre Dumas entretient la légende dorée d’un des hommes les plus contestés de son temps. Mais revenons à ce texte.
Rien ne prédestinait Henri de Navarre, élevé dans la religion protestante, à devenir le roi catholique de France, alors qu’Henri II avait pourtant lui-même trois héritiers légitimes mâles en âge de lui succéder. «Durant trente années, déclare l’historien Jean-Pierre Babelon, Henri [de Navarre] appartient à une histoire qui n’est que marginalement l’histoire de France. Plus exactement, il suit une destinée qui n’est que régionale. Il est l’homme du Sud-Ouest.» (1)
Le futur roi Henri IV naît le 13 décembre 1553 à Pau, capitale de la vicomté du Béarn. Henri est le fils de Jeanne d’Albret, fille d’Henri, roi de Navarre (2), et d’Antoine de Bourbon, duc de Vendôme. Le couple a déjà eu un garçon, mort, semble-t-il, par asphyxie le 20 août 1553.
Antoine est le descendant du sixième fils de Louis IX et premier des princes de sang: «Dignité et rang considérables, écrit l’historienne Janine Garrisson, puisque selon la loi salique, après les quatre "fils de France", il est considéré comme l’héritier présomptif de la Couronne» (3).
Jules Michelet rapporte que «son grand-père, Henri d’Albret, qui, sans doute, lisait le Gargantua (paru en 1534), répéta exactement à sa naissance (1553) le récit rabelaisien. Il lui donna du vin à boire et du vin de Jurançon. Pour plaire au grand-père, sa mère Jeanne, en sa douleur, avait chanté un petit chant béarnais à la Vierge de Jurançon» (4).
Le 6 mars 1554, Henri de Bourbon est baptisé dans la tradition catholique en la chapelle du château de Pau. Ses parrains sont Henri II, roi de France, et Henri II, roi de Navarre, les marraines Catherine de Médicis, reine de France, et Isabeau d’Albret, tante de l’enfant, veuve du comte de Rohan. A la mort de son père en mai 1555, Jeanne devient «reine de Navarre, et son fils Henri, âgé de dix-huit mois, devient “le prince de Navarre”» (5).