Le roi a un rival qui conquiert ses maîtresses: Bellegarde. Le roi se montre particulièrement agacé par cette attitude. Dans son récit «Henri IV et sa cour», Alexandre Dumas le décrit de la sorte: «Deux mots de ce rival qu’Henri IV trouvait toujours sur son chemin, ou plutôt sur le chemin de la chambre à coucher de ses maîtresses. Roger de Saint-Lary, duc de Bellegarde, grand écuyer de France, avait, à l’époque où nous sommes arrivés, c’est-à-dire en 1599, trente-six ans à peine. Racan disait qu’on avait cru de M. de Bellegarde trois choses qui n’étaient point: La première, qu’il était brave; La seconde, qu’il était galant; La troisième, qu’il était libéral. Il était fort beau, et on l’accusait, à cette époque où la beauté était à la cour un grand moyen de faire sa fortune, d’avoir usé de ce moyen-là.»
Bellegarde est un amant assidu, comme le fait remarquer Dumas: «Il ne pouvait pas se déshabituer de faire sa cour aux maîtresses ou aux femmes des rois. Après avoir été l’amant de la duchesse de Beaufort et de mademoiselle d’Entragues, après avoir passé pour être celui de Marie de Médicis, il faisait sa cour à Anne d’Autriche, quoi qu’il eût déjà cinquante ou cinquante-cinq ans.»
Roger II de Saint-Lary de Bellegarde (1562-1646) fut un favori des rois Henri III et Henri IV. Introduit par le duc d’Epernon auprès d’Henri III, ce dernier le nomme grand écuyer de France. Fils du gouverneur militaire de Metz Jean de Saint-Lary, il seconde vaillamment Henri IV pendant la guerre civile et est comblé de faveurs. Il épouse en 1596 Anne de Bueil. Henri IV le nomme gouverneur de Bourgogne en 1602 après la tentative de conspiration du duc de Biron. Louis XIII le fait duc et pair en 1620, mais, ayant rejoint le parti du duc de Montmorency, Bellegarde est déchu de ses titres et biens par arrêté du 15 octobre 1631. Il meurt en 1646, à 83 ans.
Alain Chardonnens, historien, enseignant-formateur à l’Université de Fribourg