Louis XV formait un couple solide avec Marie Leszczyńska, avant que la lassitude vienne s’installer, la reine étant «épuisée par ses maternités trop rapprochées. Ses grossesses répétées l’ont tenue écartée des activités préférées du roi, la chasse et les divertissements. Bien qu’instruite, elle manque de l’éclat capable de retenir Louis XV.» (1)
Dumas raconte: «Soit fatigue de ses couches réitérées, soit éloignement pour son époux, Marie Leszczyńska affecta une froideur qui blessa Louis XV et l’éloigna de sa femme, qui eût pu, tout au contraire, faire de lui, si elle l’eût voulu, ce que la reine d’Espagne faisait de Philippe V. Ainsi donc rien ne transpirait encore sur les amours secrètes de Louis XV, quand, le 24 janvier 1732, le roi, à un de ses petits soupers où il avait plus bu que d’habitude, leva tout à coup son verre, et, ayant porté un toast à la maîtresse inconnue, brisa sa coupe, invita les convives à en faire autant que lui et à deviner le nom de cette inconnue.»
La reine finit par se plaindre à son père de l’infidélité récurrente de son mari volage (2), tombé successivement sous le charme des quatre sœurs de Mailly-Nesle (Louise Julie, comtesse de Mailly; Pauline Félicité, comtesse de Vintimille; Diane Adélaïde, duchesse de Lauraguais; Marie-Anne, marquise de La Tournelle et duchesse de Châteauroux).
L’historien François Bluche rappelle l’avis des psychologues concernant ses maîtresses déclarées: «l’attention du Roi semblerait à un psychologue la conséquence des manques de la petite enfance. Louis XV, orphelin de parents et de grands-parents, a sûrement été marqué par l’absence d’une mère […]. C’est ainsi que les “grandes maîtresses” du prince – surtout la marquise de Pompadour – ont été pour lui l’image de la mère disparue» (3).
Alain Chardonnens, historien, enseignant-formateur à l’Université de Fribourg
Notes et références
(1) Salles, Catherine : Louis XV. Les Ombres et la Lumière. Paris, Tallandier, 2006, p. 62.
(2) Bluche, François : Louis XV. Paris, Perrin, 2000, pp. 84-88
(3) Ibid., p. 66.