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Napoléon en Egypte, Jean-Léon Gérôme (1867).© Musée de l'Hermitage, Saint-Pétersbourg

Napoléon Bonaparte: les campagnes d’Italie et d’Egypte

C'est un 14 janvier, en 1797, que le jeune Napoléon Bonaparte remporte une victoire décisive contre les Autrichiens à Rivoli, en Italie. Un succès militaire qui en appelle d'autres dans les campagnes d'Italie et d'Egypte grâce, entre autres, à la personnalité imposante de Bonaparte. Sa légende est désormais en marche, comme nous le raconte Alexandre Dumas relate dans cet épisode.

Le pont de Lodi! La bataille des Pyramides! Dans sa biographie de Napoléon publiée en 1839, Alexandre Dumas retrace le déroulement des campagnes d’Italie et d’Egypte. A ses yeux, Napoléon Bonaparte est le nouvel Alexandre. Alexandre Dumas rappelle qu’en «arrivant à Nice, il trouva une armée sans discipline, sans munitions, sans vivres, sans vêtements. Dès qu’il est au quartier général, il fait distribuer aux généraux, pour les aider à entrer en campagne, la somme de quatre louis; puis aux soldats, en leur montrant l’Italie: “Camarades, dit-il, vous manquez de tout au milieu de ces rochers; jetez les yeux sur les riches plaines qui se déroulent à vos pieds, elles nous appartiennent: allons les prendre.” C’était à peu près le discours qu’Annibal avait tenu à ses soldats il y avait dix-neuf cents ans; et depuis dix-neuf cents ans, il n’avait passé entre ces deux hommes qu’un seul homme digne de leur être comparé: c’était César!»

Mais revenons deux ans auparavant, en 1796. Avant de se retrouver rattaché au bureau topographique, Bonaparte avait envoyé au Comité de salut public de nombreux projets d’interventions militaires; plusieurs plans concernent l’Italie. Ces derniers ont été remarqués par [Lazare] Carnot (ce même Carnot que Bonaparte fera traquer lors de son passage à Genève une année plus tard), qui le nomme général en chef de l’armée d’Italie. En effet, le Directoire, envoyant les armées de Jourdan et de Moreau en Allemagne, veut vaincre l’Autriche à tout prix. Par contre, l’armée d’Italie devait se cantonner à un rôle de diversion pour intimider les princes italiens ennemis qui auraient eu la mauvaise idée de menacer la frontière sud-orientale alpine de la France. Le destin va décider autrement de l’application des ordres du Directoire… Bonaparte arrive à Nice le 23 mars 1796. Il n’est même pas âgé de 27 ans. L’armée d’Italie manque cruellement de vivres et se montre particulièrement indisciplinée. L’accueil des généraux (Augereau, Masséna, Sérurier, La Harpe), vieux briscards coriaces, est glacial. Il s’impose à eux en quelques instants. C’est dire la personnalité de Bonaparte. En quelques jours, le général en chef engrange toute une série de victoires: Montenotte le 12 avril, Millesimo le lendemain, Dego le surlendemain, Mondovi le 21. Le 28 avril, le roi Victor-Amédée du Piémont doit signer l’armistice de Cherasco. Le 3 juin, la paix est signée à Paris: le Piémont doit reconnaître l’annexion de la Savoie et de Nice à la République française et verser des indemnités de l’ordre de 3 millions.

Au début mai, Bonaparte se lance dans la conquête de la Lombardie, défendue par 35’000 Autrichiens. C’est une victoire française à Lodi le 10. Le 16, il entre à Milan et assiège Mantoue. Une contribution de guerre de 20 millions de francs est exigée du duc de Parme qui signe l’armistice le 19 mai. Les Milanais sont à nouveau taxés (20 millions), tout comme le duc de Modène (7 millions et demi). Le Directoire est ravi, on le comprend: ses caisses se remplissent avec les indemnités de guerre et des pillages… Les succès militaires se poursuivent: les Etats pontificaux et le duché de Toscane sont envahis. Le pape doit verser 15 millions et demi en or et 4 millions et demi sous forme de fournitures destinées aux soldats. Les Autrichiens connaissent à nouveau la défaite à Lonato (31 juillet), Castiglione (5 août) et Bassano (8 septembre). Alors que les armées de Moreau et d’Augereau connaissent de graves revers en Allemagne, le Directoire considère que son seul atout réside dans Bonaparte: non seulement le Corse engrange les victoires (contrairement à ce qui se passait sur le Rhin), mais renflouait avec une efficacité redoutable et appréciée les caisses du Directoire. Napoléon Bonaparte réorganise l’Italie et crée le 16 octobre 1796 la République cispadane, comprenant les régions de Modène, Reggio, Ferrare et Bologne. A la mi-septembre, 50’000 Autrichiens, cherchant à débloquer la ville de Mantoue toujours assiégée, attaquent l’Armée d’Italie, qui doit se replier. Puis, du 15 au 17 novembre, des combats éprouvants se déroulent dans les marais d’Arcole. La victoire est difficile, mais la légende de Bonaparte est désormais en marche. Il fait réécrire les faits en sa faveur. Alors que les peintres officiels le représentent s’élançant courageusement à pied sur le pont de Lodi, drapeau au vent, chargeant l’ennemi, il n’en est rien. Le général en chef a été désarçonné par son cheval, a chuté et a manqué de se noyer. Il fait imprimer Le Courrier d’Italie, qui fait son apologie… La propagande marche à plein régime.

Le 14 janvier, les Autrichiens cherchent à nouveau à dégager Mantoue des Français; ils sont sévèrement défaits à Rivoli, ouvrant ainsi la porte du Tyrol aux Français… Après une courte pause, la guerre reprend en Italie. Le Directoire octroie enfin les 40’000 soldats réclamés par Bonaparte. Cette fois-ci, l’Autriche a nommé à la tête de son armée son meilleur général: l’archiduc Charles. Mais les Français peuvent compter sur leur supériorité numérique. Dans la dernière quinzaine du mois de mars 1797, les Autrichiens sont repoussés sur le Tagliamento, à Goritzia et à Klagenfurth. Mais un autre danger menace l’armée d’Italie: les révoltes d’ordre patriotique du fait de la lourde occupation française. Ainsi, lors du lundi de Pâques de 1797 (17 avril), 400 soldats français sont massacrés par les habitants de Vérone (l’épisode sanglant est connu sous le nom de «Pâques véronaises»). Le 18 avril, après avoir engrangé de nouveaux succès militaires, Bonaparte signe à Loeben à la fois l’armistice et les préliminaires de la paix avec les représentants autrichiens. C’est une victoire totale pour le jeune général, tout juste âgé de 28 ans, qui attribue la Dalmatie, l’Istrie et Venise à l’Autriche, alors que la France reçoit la Lombardie et la Belgique. En guise de représailles à l’affaire des «Pâques véronaises», Bonaparte déclare la guerre le 2 mai à Venise, qui se rend deux semaines plus tard. La Sérénissime doit fournir trois millions au vainqueur, ainsi qu’une somme équivalente de fournitures pour la marine.

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