Alors que Lépide reste à Rome, Marc Antoine et Octavien se rendent en Orient pour anéantir les troupes des césaricides lors des deux batailles de Philippes, en Grèce, qui se déroulent en octobre et novembre 42 av. J.-C. Vaincu par Marc Antoine, Cassius se suicide.
Trois semaines plus tard, Brutus, l’autre fer de lance de la conjuration, défait à son tour, se suicide lui aussi. La fin tragique des assassins de Jules César a marqué les esprits et les générations: Shakespeare la relate dans le cinquième acte de sa pièce Jules César.
La victoire prit la forme d’une épuration sanglante. Suétone rappelle que les vaincus républicains, pleins de sarcasme pour Octavien, furent menés au supplice.
La cause républicaine est gravement affaiblie. Les triumvirs se livrent à un nouveau partage du monde romain: Octavien s’octroie l’Occident (Gaule, Hispanie et provinces occidentales), Marc Antoine l’Orient et Lépide l’Afrique.
L’un des fils de Pompée, Sextus, leur résiste encore. Ce républicain a réussi à consolider son assise en Sicile, en Sardaigne et en Corse; il menace l’approvisionnement de Rome en blé. En 38 av. J.-C., Octavien répudie Scribonia, son épouse, qui n’était autre que la belle-sœur de Sextus.
Le fils adoptif de Jules César décide alors d’attaquer les forces de Sextus massées en Sicile; Agrippa, l’ami d’Octavien, les réduit à néant à Nauloque en 36 av. J.-C.
En raison de sa non-intervention dans le combat, Lépide, à qui avait été attribuée l’Afrique, est écarté du triumvirat. Il ne conserve désormais plus que le titre de pontifex maximus. Les portes du pouvoir s’ouvrent pour Octave.
Alain Chardonnens, historien, enseignant-formateur à l’Université de Fribourg