Alexandre Dumas est un formidable conteur. Pour tenir les lecteurs de son hebdomadaire en haleine, il raconte avec le talent qu’on lui connaît ce premier choc entre les césaricides et le triumvir en septembre et octobre 42 av. J.-C. Brutus et Cassius établissent chacun leur camp dans la plaine à l’ouest de Philippes (Macédoine orientale).
Le premier s’installe sur les pentes au nord-ouest de la ville, le second sur une petite colline au sud-ouest. D’après Appien, dans le camp républicain, Brutus dispose de huit légions et 6’000 cavaliers; Cassius d’onze légions et 6’000 cavaliers également.
Le déroulement de la bataille est le suivant: Antoine lance alors une attaque frontale générale sur les positions de Cassius: il s’empare alors de son camp que ses soldats se mettent à piller.
Simultanément, les légions de Brutus attaquent au nord en direction du camp d’Octave, qu’ils mettent à sac. Octave lui-même ne doit miraculeusement son salut - c’est ce qu’il rapporte dans ses mémoires - qu’à un rêve prémonitoire qui l’avait fait quitter le camp.
Chassé de ses fortifications, Cassius préfère se réfugier sur l’acropole de Philippes toute proche pour y bénéficier d’une vue d’ensemble du champ de bataille. Mais la poussière lui masque l’attaque de Brutus contre Octave; il ne peut que constater la déroute de ses propres troupes.
Jugeant la situation perdue, et malgré peut-être des messagers lui annonçant la victoire de Brutus, il demande à Pindarus, son affranchi, de le tuer.
La bataille se termine lorsque chaque armée se retire sur ses positions de départ en emportant le butin fait dans le camp adverse.
Les pertes sont lourdes des deux côtés: Cassius et Brutus auraient perdu 8’000 hommes et Octave et Antoine 16’000. Brutus fait enterrer Cassius secrètement à Thasos pour essayer de limiter les effets de cette nouvelle sur l’armée républicaine. Il continue le combat.
Alain Chardonnens, historien, enseignant-formateur à l’Université de Fribourg