La drôle de visite des salines de Bex d'Alexandre Dumas

Fuyant l'épidémie de choléra et les conspirations royalistes qui sévissent à Paris, Alexandre Dumas quitte la ville en mai 1832 pour se rendre en Suisse. L'auteur veut tout voir, tout savoir des curiosités locales, des traditions et des gens.

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Mines de sel de Bex.© Souvaroff

Dans ses Impressions de voyage en Suisse, Alexandre Dumas décrit sa visite des salines en date du 20 août 1832. Or, le registre des mines de sel indique sa venue le 28 septembre. Désireux de toucher un nouveau lectorat parisien, Alexandre Dumas invente des aventures de toutes pièces. En effet, des secteurs entiers du puits qu’il prétend avoir parcourus étaient condamnés depuis des années. De plus, le «grand escalier» est un passage obligatoire pour celui qui se déplace dans ce monde souterrain. Creusé dans la roche, aboutissant à une grande roue de trente-six pieds de diamètre tournant grâce à la force hydraulique, il n’est curieusement pas mentionné dans le récit. Nous sommes dès lors en droit de nous poser les questions suivantes: Pourquoi Dumas n’a-t-il pas parlé de cet escalier alors que cette ascension était une partie marquante du parcours? L’a-t-il oublié ou n’y est-il simplement pas passé? Ne serait-il pas entré par la galerie du Bouillet et donc il ne serait pas passé non plus au fameux puits qu’il nous décrit de manière assez fantaisiste? A la suite de la publication des «Impressions de voyage», l’employé des mines qui a servi de guide à Dumas a été licencié pour l’avoir soi-disant conduit dans des endroits aussi dangereux…

Alain Chardonnens, historien

Source: Alexandre Dumas, Impressions de voyage en Suisse, tome 1. Texte édité et présenté par Alain Chardonnens. Paris, L'Harmattan, 2015.

Le lendemain, après avoir mangé le train de devant de ma truite, je me mis en route pour les salines. Maurice, avec lequel j’étais tout à fait raccommodé, m’indiqua un petit chemin qui part du jardin même de l’auberge et qui conduit à l’établissement d’exploitation par une route plus courte et plus pittoresque. La première montée (qui est assez fatigante, mais où chaque pas que l’on fait élargit le paysage) une fois gravie, on arrive à un sentier qui traverse un bois de beaux châtaigniers, que rien ne protège contre la gourmandise des voyageurs. A cette vue, je me rappelai aussitôt mon ancien métier de maraudeur et, à l’aide d’une grosse pierre que je jetai de toute ma force contre le tronc de l’arbre qui se trouva le plus à ma portée, je fis tomber une véritable pluie de châtaignes. Comme elles étaient encore renfermées dans leurs coques, je procédai incontinent à l’extraction d’icelles par le procédé connu de tout collégien, procédé qui consiste à les faire rouler délicatement entre le gazon et la semelle de la botte jusqu’à ce que la pression combinée avec la rotation amène un résultat satisfaisant. Au bout de dix minutes, j’avais mes poches pleines et je m’étais remis en route, grignotant les castaneæ molles, comme aurait pu le faire un écureuil ou un berger de Virgile.

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