L'assaut des éléphants gourmands (2/4)

Dans l’Etat indien d’Assam, à l’extrême nord-est du pays, les éléphants piétinent et saccagent les terres des paysans. Ils pillent même leurs réserves de nourriture. Menant une vie de hors-la-loi.

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Un éléphant d'Asie mâle dans la réserve de Bandipur.© DR

Les conflits humain-éléphant tuent environ quatre cents personnes et au moins une centaine d’éléphants chaque année en Inde. Des milliers de maisons ont été détruites le long du Brahmapoutre, des agriculteurs ont perdu l’ensemble de leurs cultures annuelles et des villages entiers ont été désertés à cause d’attaques nocturnes d’éléphants. Le travail de Dhruba consiste à voyager de village en village, afin d’inculquer aux gens les bons réflexes à adopter face aux éléphants. «Il est difficile de démontrer l’intelligence des éléphants, me dit Dhruba. Ils n’ont pas l’intelligence des primates. On devrait peut-être parler plutôt de sagesse. Ils peuvent sentir les choses. Ils savent ce qu’ils doivent faire. Quelle que soit la situation, ils en tireront profit, et, à la différence des singes, ils n’aggravent pas la situation.» En s’attaquant aux habitations, les éléphants ont découvert la bière de riz brassée dans les villages. «Ils adorent ça, explique Dhruba, ils sont prêts à tout pour s’en procurer». Ils se sont ensuite mis à dérober d’autres denrées. «Les villageois m’ont rapporté qu’ils se montraient à chaque fois qu’ils cuisinaient du porc au curry.» Ils affectionnent également le sel. Il y a quelques années, le frère de Dhruba venait de terminer ses exercices de taekwondo au domicile familial à Bokagaon, un village à proximité de Nohotia. Il avait retiré son maillot et l’avait jeté au sol. Rapidement, une trompe a surgi de la fenêtre. Alors que le frère de Dhruba se cachait sous le lit, l’éléphant a trouvé le maillot, l’a porté à sa bouche et s’est mis à le téter. Il l’a trouvé si savoureux qu’il a fracassé le mur pour s’en procurer d’autres. Le frère de Dhruba a attrapé sa sœur et sa mère pour s’enfuir par la porte de derrière.

L’éléphant d’Asie étant une espèce protégée, la retraite est souvent la seule option. L’Inde héberge à la fois la dernière grande population de l’un des plus emblématiques animaux de la planète, mais également plus de paysans que ne peut en recenser son gouvernement. Tout le monde sait d’ailleurs à qui va le soutien de ce dernier: la peine encourue pour meurtre d’éléphant vient récemment de s’élever à dix ans de prison. Mais la meilleure protection des éléphants indiens ne vient pas de règles civiles mais dérive de principes religieux: les éléphants représentent le dieu hindou à tête d’éléphant, Ganesh, qui supprime les obstacles et apporte la chance. La plupart des villageois que j’ai rencontrés n’employait pas haathi, le mot hindou et assamais pour «éléphant», mais Ganesh. Que ce dieu en particulier cause tant de ravages est particulièrement perturbant pour eux.

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