Seules armes contre les éléphants: des offrandes (3/4)

Dans l’Etat indien d’Assam, à l’extrême nord-est du pays, les éléphants vont chercher leur nourriture dans les villages. En tête du troupeau, une matriarche futée. Elle s’apprête à charger.

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Le troupeau de Sarumai.© Act For Wildlife

Après environ un kilomètre et demi de marche, nous arrivons au bord du Brahmapoutre, où nous attendons un canoë noir sur lequel se tiennent en équilibre deux vélos, une moto et cinq personnes. Dhruba fume. De l’autre côté du canal se trouve Kartik Chapori, l’une des plus grandes îles du fleuve, où nous devons rencontrer Atul Das, un membre du département des Forêts chargé des rondes sur les chaporis (nom des nouvelles îles qui se forment avec la baisse des eaux, ndlr). Das a passé des années à repousser le troupeau errant de village en village. Il est à la recherche de deux rhinocéros qui ont nagé jusqu’à Kartik Chapori depuis le parc national de Kaziranga, un sanctuaire de 480 kilomètres carrés sur la rive sud du Brahmapoutre. Il héberge environ deux mille des trois mille rhinocéros indiens survivants. La poudre faite à partir de leurs cornes se vend à 10’000 dollars le kilo sur le marché noir chinois, et des braconniers ont infiltré le chapori en se faisant passer pour des pêcheurs. Das et ses hommes ont été désignés protecteurs des rhinocéros jusqu’à ce que ces derniers se décident à retrouver la sécurité de Kaziranga.

Le canoë finit par arriver et ses passagers en descendent, à l’exception de deux petites filles souriantes âgées de 6 ans, qui tiennent des pagaies en bambou. «Voici nos petits bateliers», commente Dhruba. Alors que les jeunes filles nous transportent de l’autre côté du jade nébuleux du Brahmapoutre, nous débattons du prix. Nous proposions 10 roupies pour la traversée, environ 15 centimes:
– Pas question! 100 roupies!
– C’est trop. Disons 10 roupies chacune?
– Ok, d’accord

Une fois parvenus de l’autre côté, nous grimpons le long de la rive érodée sur environ trois kilomètres en suivant un sentier sablonneux longé par des bougainvilliers roses et une barrière de bambou. Nous arrivons à la ferme de Paresh Singh, un homme robuste d’une soixantaine d’années portant la moustache. La cour est enluminée de soucis orange, de gigantesques poinsettias et d’hibiscus superbement taillés. Singh est assis sur une chaise en plastique, l’air abattu. «Ils sont venus ici. C’est une catastrophe.» Pendant que nous parlons, nous voyons régulièrement une vache traverser la cour, poursuivie par les aboiements des chiens de Singh. «Ils ont détruit toutes mes clôtures et les vaches s’échappent et mangent tout ce qu’elles trouvent.» Singh nous explique qu’il sait quand les éléphants sont dans les parages, car ses chiens se calment à leur approche et rentrent prudemment dans la maison.

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