Se défaire du désordre du monde (3/4)

Après qu’il eut bercé la prime jeunesse d’Ella Maillart par ses aventures, l’âme de Jack London était revenue flatter son destin de voyageuse au long cours.

Ella Maillart Jaeger Ella Maillart Jaeger
Au premier plan, la Ford dans laquelle Ella Maillart et Annemarie Schwarzenbach ont voyagé de Genève jusqu'en Afghanistan, en passant par Istanbul, Trabzon et Téhéran. Khvajeh Chahar Shanbeh, province d'Herat, Afghanistan, 1939-1940. © Annemarie Schwarzenbach / Bibliothèque nationale suisse

Passé quelques infructueuses tentatives pour se faire une place dans la société de son époque, Ella Maillart ne se laissa pas prendre au piège de l’enfermement. Son éloignement de la mer ne voulait pas dire qu’elle abandonnait les idéaux de sa jeunesse: désormais, les îles fortunées si chères à son mentor Alain Gerbault porteront des noms d’oasis et de paradis, qui seront ses destinations spirituelles. Le caractère toujours bien trempé, elle était décidée à poursuivre son cap; quitte à emprunter d’autres itinéraires pour atteindre la sérénité dont elle avait fait jusqu’ici son phare, désormais son étoile. «Je me sens aujourd’hui moins pessimiste que je ne l’étais voilà dix ans, car j’ai le sentiment d’être moins ignorante. Je crois qu’il me faut me détourner du monde extérieur, lequel n’est pas l’ultime réalité, afin d’écouter la force cachée en moi.» C’est trois ans après l’échec de l’expédition de l’Atalante que s’ouvrit la seconde parenthèse de sa vie publique. Elle avait alors vingt-six ans, et ses longues années de navigation lui avaient appris qu’elle pouvait être heureuse sur la mer. Consciente qu’elle n’avait fait qu’une partie du chemin, elle allait se mettre en quête d’un bonheur plus immatériel. Encore inconséquent, mais qu’elle était certaine d’atteindre désormais tant elle était détachée de toute contingence.

L’infini de l’horizon lui avait appris la juste mesure de l’univers. Or le destin prend souvent des tours qu’il ne faut pas manquer de saisir au risque de se retrouver sans avenir. A la fin de l’année 1929, Ella séjourna quelque temps à Berlin, où elle fit de la figuration pour les studios de Babelsberg. En réalité, elle attendait une autre opportunité. Persuadée qu’elle avait toutes les qualités pour devenir reporter, elle avait répondu aux sollicitations de quelques patrons de presse que sa réputation de navigatrice avait alertés. Ce qui l’attirait, c’étaient les expéditions lointaines. Partir pour des contrées inconnues, dans les régions les plus reculées du monde où l’on n’avait jamais eu l’idée de se rendre: voilà ce dont elle rêvait. Sans savoir qu’elle traçait un nouveau cap, défrichait une route où l’attendait enfin sa destinée. C’est ainsi qu’elle partit pour Moscou. Il lui restait à transformer cette occasion pour qu’elle en fît sa victoire et qu’elle entrât définitivement dans sa légende. Car c’est au terme de cette nouvelle «navigation» sur des chemins encore vierges, désertiques et le plus souvent dangereux, qu’elle allait atteindre le paradis qu’elle s’était inventé jusqu’ici. Et qu’elle découvrira finalement après plus de vingt ans de voyages à sillonner la terre pour se libérer de son fardeau. Toujours en contact épistolaire avec sa mère, elle lui écrivait de Moscou le 8 juin 1930, après quarante heures de voyage: «J’ai débarqué un beau matin dans une ville qui donne l’impression d’être en totale reconstruction», sans en mesurer le sens subliminal (Cette réalité que j’ai pourchassée). D'emblée, elle décidait de sortir des sentiers battus et de s’acquitter des obligations faites aux étrangers de se conformer aux règles en vigueur en Union soviétique: ses itinéraires seraient ceux que lui dicteraient ses choix. Elle aurait toujours la mer pour seule référence. Mais si son but était encore une fois clairement défini, la conclusion de l’histoire n’était pas encore écrite.

Durant près de vingt ans, Ella Maillart continuera donc de naviguer; mais elle s’engagera sur toutes sortes de mers intérieures qui ne seront pas toujours pacifiques. Car, contrairement aux arpenteurs qui cherchent à donner un sens au monde qu’ils foulent en tous sens, elle redéfinissait le mythe fondateur du voyage en défiant la logique de l’enfermement du retour. En conquérant dorénavant le droit d’être partout chez elle dans son corps et dans son âme, en niant la guerre que se livraient les hommes, sa quête répondait aux contradicteurs qui blâmaient son absence de compassion pour l’humanité souffrante et d’empathie pour le monde dans lequel elle ne trouvait pas sa place. Finalement, la défection de Miette de Saussure ne lui a pas été fatale, bien au contraire. En lui lâchant la main au moment le plus opportun, la bonne fée qui l’avait accompagnée sur les fonts baptismaux de l’aventure lui a rendu sa liberté en lui abandonnant ses choix. Pour qu’elle prît enfin son envol. Elle allait maintenant troquer ses croisières pour des caravanes, ses îles solitaires pour des oasis improbables, réminiscences de ses humanités de la mer. Avec la même ardeur, et cet élan qui permet de déplacer des montagnes. Elle n’en fait pas encore état dans sa correspondance et n’en parle pas dans ses livres écrits avant d’avoir atteint le but de son voyage et le terme de sa quête spirituelle, toujours en filigrane au tréfonds d’elle-même. Mais l’horizon s’éclaircissait. Son voyage à Moscou – qu’elle effectua dans la foulée de son séjour berlinois au début de l’été 1930 – lui permit de franchir une nouvelle étape en s’engageant sur la route des steppes où le monde du silence tant espéré, si longtemps recherché, était maintenant à sa portée. «Soudain, je comprends quelque chose: je sens maintenant […] que Paris n’est rien, ni la France ni l’Europe ni les Blancs… [qu’une] seule chose compte, envers et contre tous les particularismes, c’est l’engrenage magnifique qui s’appelle le monde.» 

Comme naguère au contact des gens de mer, elle fut immédiatement attirée par la philosophie des nomades qui, partout et nulle part chez eux, sont perpétuellement en train d’appareiller. La voyageuse Ella Maillart avait néanmoins besoin d’un port d’attache. Un navigateur sans ancrage n’est jamais qu’en sursis, destiné à périr sans trouver le repos du corps et de l’esprit. Voué à la mortification lente des âmes errantes. C’est donc au gré des oasis, «des monts Célestes aux Sables rouges» qu'elle va définitivement trouver la paix: après s’être déconstruite, elle était en passe de revivre selon les critères subjectifs qu’elle avait mis en place pour dépasser les contingences sciemment abandonnées. En s’engageant auprès d’Annemarie Schwarzenbach, en lui prenant la main comme l’avait fait Miette de Saussure pour lui montrer le chemin de la rédemption, elle se délivrera d’elle-même et du passif dont elle se sentait redevable envers la providence. Dans La voie cruelle (1952), qui raconte son ultime démarche en compagnie de sa nouvelle amie, elle explique les correspondances profondes qui ont marqué leur itinérance respective et la «terre des promesses» qu’elles s’apprêtaient à découvrir ensemble, mais dont Ella sera la seule à franchir la frontière. Quant à sa jeune compagne – qu’une journaliste du quotidien Libération surnommera en 2014 «l’étoile fuyante» –, elle précisera dans Où est la terre des promesses? – Avec Ella Maillart en Afghanistan: 1939-1940 (2004): «Je n’étais pas en partance pour un but précis…» Ella Maillart fuira finalement celle qui s’avère être son âme damnée, et écrira à son sujet: «Je ne sais pas si je vous aime, ou si je vous déteste.» En se libérant de son empreinte, elle évitait de sombrer dans un état d’esprit contraire à sa démarche. A l'inverse de cette ombre incommodante d’elle-même que fut Annemarie Schwarzenbach – en dépit de sa fascinante personnalité –, Ella savait «résider en elle-même» et ne voyageait pas pour s’oublier, mais pour se découvrir. Sa démonstration était en tous points réfléchie, empreinte de raison. Car elle savait maintenant qu’on ne suit pas une route sans carte, au risque de se perdre. Et sur chacun de ses itinéraires étaient tracées les voies cruelles qui conduisent au but recherché, aussi bien que les promesses d’oasis. Il en allait du succès de sa grande traversée. Le voyage ne fut jamais pour elle un terrain de jeu, parce qu’elle savait que courir le monde ne sert à rien si c’est pour tuer le temps: «Il faut en faire quelque chose de plus.» Ce qu’elle sut mener à son terme admirablement. «Je vais poursuivre ce qui, pour moi, me semble impératif, ce que j’ai décidé de faire en quittant la maison. Si je rentrais maintenant, je serais tout aussi désespérée qu’autrefois!» Ainsi parlait Ella Maillart. Elle refusait de porter la croix du monde et celles de ses enfants déshérités par l’Histoire. Le fardage était trop lourd pour le supporter jusqu’au Golgotha. Son ascension n’était pas une rédemption mais une conquête. Tandis qu’Annemarie Schwarzenbach affirmait que la vie est un tout et qu’on ne peut pas se départir impunément de ses désagréments, qu’il faut en prendre également les joies et les peines, Ella n’était jamais dans la souffrance dont elle défiait la pesanteur dans chacun de ses actes. Chez elle tout concourait à la recherche du bonheur. A l’unité parfaite du monde: le sien.

Les étapes du voyage qui allait finalement la mener en Inde, après de nombreuses hésitations géographiques et parfois l’intervention du hasard, furent autant de marches à franchir qu’elle arpenta sans se plaindre. Tout en conduisant une réflexion qui ne cessera jamais de nous éblouir par l’acuité du regard et la justesse du propos. C’est pourquoi son œuvre est exemplaire: à la fois pertinente par sa vision des mondes extérieurs qu’elle a traversés, aussi bien que pour la règle de vie qu’elle en a retirée. La partie terrestre de son voyage avait commencé par cette idée simple qui consiste à voir autour de soi ce qui nous rassemble et non pas ce qui nous divise. Cette maxime qu’elle a tenté de transmettre à travers ses livres et ses conférences est exemplaire. Mais de son propre aveu, elle ne fut pas toujours comprise, et parfois moquée jusque dans sa famille: «A quoi bon tous ces voyages?» lui assénait-on régulièrement. Mais jamais elle n’a cédé devant la critique de ceux qui lui voulaient «du bien»; et qui par-dessus tout ne comprenaient pas ce qu’une âme bien née s’en allait chercher de l’autre côté du monde… au revers de la civilisation dont elle était issue. «Cette fois, je nage dans le bonheur complet, écrit-elle à sa mère le 26 septembre 1930; depuis cinq jours je me déplace seule et vais le nez au vent où et quand il me plaît.» Désormais, elle n’aura plus d’hésitations sur sa destinée, car elle a trouvé ses repères. Ce sera d’abord le Turkestan, à cheval à travers le pays des Kirghizes jusqu’aux frontières de la Chine encore impénétrable à cette époque. Bravant tous les interdits, elle atteindra les villes mythiques de Tachkent, Samarcande et Boukhara… Mais elle voulait aller plus loin, car elle voyait maintenant que sa ténacité la récompensait concrètement de ses efforts et de sa patience: non seulement d’un point de vue spirituel, mais également dans sa chair. Une voie royale s’ouvrait devant elle. Les sommets à franchir et les déserts à traverser importaient peu, puisqu’elle marchait vers un destin qui lui souriait. Plein des promesses prédestinées avec lesquelles elle était déjà familière. Il faudra qu’une décennie s’écoule pour que l’on apprenne ce qu’elle avait accompli seule, avec pour tout bagage un entêtement qui n’avait pour dessein que d’accomplir le pari de sa vie. En dépit de l’adversité, envers et contre tous. A la parution Des monts célestes aux Sables rouges (1934) qui relate cet exploit, Jean Chalon dira d’elle dans Le Figaro qu’elle était une figure mythique de son siècle. Or la notoriété qui commençait à s’attacher à ses aventures ne sera jamais qu’un truchement, le moyen de poursuivre sa route jusqu’à son terme. Une opportunité matérielle dont elle avouait la nécessité économique. Sans fard ni faux-semblant, elle assumait cette contingence dont elle était l’otage volontaire. Et tant pis si quelques mauvais esprits lui en tiennent parfois rigueur et la mettent devant ses contradictions. Car il est vrai qu’elle jouait à la perfection de sa réputation, et qu’elle finira par se complaire dans ce rôle… une fois qu’elle aura mis un point final à sa quête et qu’elle sera libre de se retourner sur son passé pour en faire le bilan. Sans remords ni regret.

Ella Maillart ne s’est jamais départie de ses convictions de jeunesse dont elle a fait le rempart de ses certitudes, afin d’affronter les fracas du monde qu’elle abhorrait. «La jeune femme s'interrogeait sans cesse sur le pourquoi de sa présence au monde», confirme le journaliste et cinéaste Olivier Bauer en avant-propos du recueil de sa correspondance paru en 2003. En 1935, elle reprenait la route en compagnie d’un aventurier britannique en quête de reportages à sensations, dont la faconde permettait toutes les audaces. Pour elle, il s’agissait de franchir une dernière étape aux confins du Cachemire et des sommets inaccessibles aux âmes impures. Sillonner des terres inconnues à la découverte de civilisations ancestrales, c’était accéder aux valeurs humaines fondamentales qui comblent l’existence. Elle savait qu’elle y trouverait son dû. Avec Peter Fleming en éclaireur, ils ont traversé la Chine, atteint les oasis interdites du Xinjiang, berceau d’une civilisation millénaire, avant de gagner l’autre versant du monde par les cols du Pamir et du Karakoram. Ce qui lui fera dire que «l’inconnu lointain» est seul porteur de l’harmonie profonde dont elle a fait son unique obsession pendant plus de vingt ans. Le 12 octobre 1939, elle écrit de Kaboul à sa mère qu’elle veut oublier la triste histoire des hommes qui ne savent que se faire la guerre et se purifier de «l’atmosphère empoisonnée par le désespoir» qui règne sur l’Europe. Puis elle ajoute: «Il faudra savoir trouver sa voie dans les grandes petites choses comme un arbre, un jeu de lumière, un bout de ciel bleu…» Dès lors, sa correspondance évoque régulièrement les paysages inspirants qu’elle traverse et les rencontres formatrices qui l’emportent au gré de son initiation. Désormais «détachée de son sort» par les croisières et les caravanes qui l’ont accompagnée au bout d’elle-même. Afin de conquérir le Graal. Détachée de tout ce qui lui rappelait ses origines, elle se rendit dans le sud de l’Inde où l’attendait l’ancrage spirituel qu’elle avait recherché dans ses expéditions lointaines. A sa mère, qu’elle n’a jamais cessé d’informer sur les petits faits apparemment sans importance de sa vie quotidienne, afin qu’elle décante peut-être les indices dont elle parsemait ses courriers, elle écrivait du centre religieux de Tiruvannamalai – siège du shivaïsme tamoul – en date du 5 novembre 1940: «J’avais pensé aller à Pondichéry afin de chercher la paix et la vérité sur moi-même, sur ce que je dois faire ici-bas […] mais d’une manière ou d’une autre je me trouve ici, vivant dans l’entourage d’un Sage unique, tellement réel et d’un calme si magistral que l’on se sent fortement influencé.» La boucle est bouclée, son arpentage de l’univers lui a fourni son ancrage; elle a pris possession d’elle-même et fait de cet atterrage son port d’attache au pied de la colline sacrée d’Arunachala. L’ascèse dans laquelle elle va maintenant se complaire lui inspire de la nostalgie: elle lui rappelle le dénuement de ses bateaux, la vie rude et simple des marins qui sont des gens de peu et d’essentiel. De paix et de vérité. L’influence de la sérénité silencieuse lui fait l’effet d’un baume: elle est sur «la voie qui mène à la racine de la conscience». C’est ici qu’elle jettera l’ancre pour l’une de ses dernières escales. Afin de faire une dernière fois le point et se situer dans l’univers en s’inspirant des étoiles.

L’Europe et le monde civilisé sont sur le déclin et bien loin de ses préoccupations spirituelles: «Le bouleversement du monde continue et j’espère que tu ne te leurres plus avec des contes de nourrice», écrit-elle à sa mère, comme pour lui dire qu’elle est désormais passé à autre chose, que seul compte le présent de l’existence et que la folie des hommes n’aura plus de prise sur elle. Son parcours n’a jamais été qu’un combat contre elle-même. Car Ella Maillart n’a pas cherché à convaincre quiconque de la suivre, ni même de l’approuver dans ses choix. Elle ne fut pas un soldat; pas plus qu’une militante, car ses décisions n’avaient toujours eu qu’un seul but: celui de ne pas faire fausse route, de trouver sa voie, de prendre en main son destin. C’est ce qu’elle expliquait aux auditeurs de la Radio Suisse Romande en 1986. Agée de 83 ans, elle insistait sur cette maxime qu’elle a toujours faite sienne: «Vous serez libre si vous entrevoyez que c’est possible!» Le sens de la vie est à ce prix, qu’il faut souvent aller chercher au-delà de sa condition; et parfois loin de chez soi. «Il faut abandonner ses manières de vivre et de penser», ajouta-t-elle. Et lorsque le journaliste lui demanda ce qu’elle avait personnellement trouvé, elle répondit avec beaucoup de sérénité dans la voix: «Une humanité de qualité.» Son immersion dans l’hindouisme sera le but suprême de ses voyages. Son accomplissement. Sa rencontre en 1940 avec Sri Ramana Maharshi a déterminé la suite de sa vie. Or, si ce fut un rendez-vous avec le destin, une déclaration spirituelle, elle ne pourra s’enlever de l’esprit que c’était une révélation annoncée; que sa longue itinérance relevait d’une prédestination. Qu’elle y avait été conduite sinon contre les contingences de sa naissance, du moins avec l’assentiment d’un lointain oracle. Elle pouvait dorénavant passer de la recherche de la différence à la ressemblance entre les hommes et concrétiser son vœu qui était de vivre une réalité à sa mesure, dans l’instant, «un voyage désormais tout intérieur», conclusion de la grande inspiration de son existence vagabonde: la mer, la montagne et le désert. «J’ai trouvé la paix en renonçant à l’identité unique du corps pour une identité de l’esprit.» Pour entériner sa démarche, elle continua néanmoins de se justifier, sinon de prévenir les critiques dont elle savait qu’elle serait la cible. Et pour donner à sa famille les arguments dont elle aurait besoin pour la défendre. Le 11 novembre 1940, elle écrit à sa mère une lettre qui ne lui parviendra qu’au printemps 1941, tandis que le maréchal Pétain venait d’annoncer une collaboration «dans l’honneur» avec l’Allemagne nazie: «J’ai pleuré tous les espoirs perdus qui étaient nés le jour de l’Armistice. Comme nous nous étions alors réjouis! Espérant un monde nouveau, mais pensant que c’était le rôle des politiques de le construire… sans réaliser qu’un monde nouveau ne pouvait se bâtir que si chacun de nous était prêt à reconstruire préalablement son propre monde intérieur.» Elle précisait que le Sage qu’elle fréquentait désormais lui donnait la force d’élever son esprit au-delà des contingences matérielles, de la douleur et des souffrances terrestres. «Il ne fait pas de miracles pour les autres […] car il pense que les choses changeront d’elles-mêmes quand le temps et l’âme seront prêts pour cela. Mais il nous donne de l’entendement, ce qui peut faire beaucoup.»