Lignes de fuite (10/11)

Les dés sont jetés. Le procès du Cheikh aveugle aura bien lieu, à condition qu'Emad Salem ne soit pas assassiné entre-temps. Pour échapper aux tueurs lancés à ses trousses, une nouvelle vie loin de New York commence pour lui et sa famille.

Emad Salem Emad Salem
Emad Salem est un patriote, prêt à tout pour défendre son pays. © Archives d'Emad Salem

Le 24 juin 1993, aux environs de six heures du matin, un petit homme est sur le point de passer le coup de téléphone le plus difficile de sa vie. Il n’a pas dormi de la nuit. Une crise de panique aigüe l’a laissé sans souffle. Tout près de lui veillent un agent du FBI et un policier new-yorkais. Les couloirs de l’hôpital Mount Sinaï sont déserts. Il pense: le calme avant la tempête. Puis il compose le numéro de téléphone de son épouse Karin: «Tout va bien chérie. C’est fini. Ça y est les feds sont intervenus. Tout le monde ou presque est sous les verrous. Réveille les enfants, vous avez trois heures pour faire vos valises. Il est temps de bouger.» Jusqu’à ce jour, il était Emad Salem, l'un des top informants du FBI. L’infiltré des infiltrés, celui qui a été jusqu’où aucun agent n’avait été avant lui, au cœur même des réseaux islamistes, jusqu’à devenir le secrétaire et l’homme à tout faire du redoutable Cheikh aveugle, Omar Abdel-Rahman, le Prince du djihad. Le voilà maintenant témoin fédéral. Sa mission: prêter main-forte au gouvernement afin de faire condamner le prédicateur islamiste et sa dizaine de complices. Il doit aider les procureurs fédéraux à exploiter les centaines d’heures d’enregistrement effectuées grâce aux micros cachés dont il s’est servi au péril de sa vie. Il sait que le Cheikh aveugle a émis une fatwa ordonnant à tous les musulmans de le tuer, lui, sa femme, ses enfants et sa famille demeurée en Egypte. Il sait que déjà des tueurs sont à ses trousses. Ils ont de l’expérience, des armes, de l’argent et surtout, luxe suprême, du temps. La fatwa ne disparaîtra qu’avec son anéantissement… Une nouvelle existence commence: celle d’une famille de fugitifs, obligés de changer de ville, d’amis, d’école, de travail et d’identités à la moindre alerte, au moindre soupçon.

A la sortie de l’hôpital, Emad Salem et ses anges gardiens se rendent à son domicile à l’angle de la 86e Rue et de Broadway à New York. L’immeuble est cerné de 4x4 noirs aux gyrophares rouges et bleus allumés, des hommes vêtus de noir, encagoulés, engoncés dans d’épais gilets pare-balles montent la garde; ils font partie de l’équipe d’intervention et de protection du FBI, le SWAT. Au cinquième étage, appartement 502, c’est la même agitation guerrière. Partout des hommes armés. D’après ce qu’il a pu entrevoir, il y a des agents du SWAT dans les cages d’escaliers à chaque étage tandis que des tireurs d’élite ont investi les toits des immeubles voisins. Quand Emad Salem arrive, des équipes cynophiles inspectent les lieux à la recherche d’explosifs, sait-on jamais.
- Tout est OK, rassure leur chef après inspection des lieux.
- Comment ça, tout est OK? lance Emad. Dans ma chambre à coucher, il y a quatre bâtons de dynamite que j’ai entreposés dans un tiroir sous une pile de vêtements. Je les y avais mis pour fabriquer des bombes pour les hommes du cheikh.

Deux nouveaux agents du FBI débarquent dans l’appartement.
- On est là pour vérifier qu’il n’y a pas de micros. C’est Carson Dunbar qui nous l’a demandé.

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