Le choix d’Emad Salem (11/11)

Quand on a été la première taupe à intégrer la cellule naissante d’Al-Qaïda aux Etats-Unis, il est impossible de reprendre une vie normale. La mort aux trousses, Emad Salem va connaître plusieurs moments de tension malgré une forte protection et de multiples identités…

Emad Salem Emad Salem
Patriote, Emad Salem est l’un des témoins les mieux protégés du gouvernement américain. © Archives d'Emad Salem

Pour faire obstacle aux tueurs lancés à ses trousses, Emad Salem dépend désormais entièrement des marshals du programme fédéral de protection des témoins. Il leur fait totalement confiance et ne dira jamais de mal de ces hommes dévoués à sa sécurité. Il sait que jamais aucun témoin placé sous leur protection n’a été tué… à condition de suivre les règles draconiennes qu’ils imposent. Emad Salem est l'un des rares témoins protégés à ne pas être un criminel. Mais il est désormais prisonnier d’un système implacable et paye sa sécurité au prix de sa liberté. Son univers est celui de la paranoïa la plus aigüe. Convaincu d’être constamment épié, il ne peut conduire sa voiture sans jeter des coups d’œil dans le rétroviseur pour déceler les signes d’une filature. Il n’hésite pas à déboîter, à couper les virages ou griller des feux rouges juste pour s’assurer qu’il n’est pas suivi. Chaque fois qu’il rentre chez lui, il vérifie que ses capteurs infrarouges sont toujours opérationnels et que les cinq armes à feu dissimulées dans des endroits stratégiques de la maison sont toujours en place et prêtes à faire feu. «Dans ma chambre à coucher, décrit-il, je dors toujours face à la porte. Mon épouse Karin est entraînée à se jeter au sol dès que je dis "à terre". J’ai toujours deux armes à feu à portée de main. En cas d’attaque, je prends le pistolet le plus proche, avant d’adopter une position défensive. Il est important d’avoir la meilleure visibilité possible. Quand on sonne, j’ouvre toujours ma porte d'une certaine façon. J'ai deux caméras dans mon appartement, une dans ma cuisine, une autre dans ma chambre.»

La routine est l’ennemi des fugitifs. Emad Salem le sait bien; il est pourtant une habitude dont il n’est jamais arrivé à se départir, la fréquentation des salles de sport. Une faiblesse dangereuse en raison de la clientèle qui les fréquente, parmi laquelle on compte un certain nombre d’anciens taulards qui y soignent leur musculature. C’est ainsi que l’ex-infiltré s’est retrouvé à soulever de la fonte à côté d’un solide gaillard dont le tatouage sur l’avant-bras droit lui était familier: une épée sombre et quelques mots en arabe la ilaha illa allah mahomet rasoul allah. Il reconnaît en un clin d’oeil le signe distinctif de l’organisation chiite terroriste Hezbollah basée au Liban et financée par les Iraniens. Les automatismes d’Emad Salem reprennent le dessus. Il essaie d’en savoir un peu plus, s’adresse directement en arabe à ce compagnon de musculation. Après des salutations polies, ce dernier lui raconte qu’il s’est enfui du Liban pour s’installer aux Etats-Unis où il travaille. Plus tard, Emad Salem le voit s’engouffrer dans un SUV Lincoln Navigator. Discrètement, il prend une photo de la plaque d'immatriculation et la transmet à l’antenne locale du FBI en faisant part de ses soupçons: l’homme fait probablement partie d’une cellule dormante du Hezbollah qui attend ses ordres pour passer à l’action. Un agent du FBI enquête. Officiellement, le suspect travaille dans une petite épicerie où il gagne 7,50 dollars de l’heure. Pas de quoi rouler en luxueux SUV comme il le fait.

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