Les femmes du djihad

© Pascal Nemeshazy pour Sept.info

De plus en plus de femmes quittent leur vie bien rangée d'Occidentale pour le djihad, en Irak ou en Syrie. Souvent pour devenir l'épouse dévouée d'un combattant, mais aussi pour mener la lutte.

Une mère en pleurs, un mari qui garde la tête baissée entre ses mains alors que dehors, le soleil d'automne peine à réchauffer les boulevards de Paris. Depuis que Samia est partie, sa famille reste hébétée. Jusque-là, la jeune fille était infirmière. Une vie banale, aucun indice de radicalisation apparent. Pourtant, un beau matin de l'été 2015, cette jeune Française est partie avec son fils de quatre ans. Du jour au lendemain, sans que personne ne comprenne ce qui s’est passé. Comme Samia, elles seraient quelques centaines parties rejoindre les rangs de l’organisation de l’Etat islamique (EI) en Syrie. Entre celles qui veulent combattre, armes à la main, et celles qui rêvent d’accomplir des tâches humanitaires, qui sont ces femmes, parfois très jeunes?

Difficile de dessiner un profil type de ces chahidat. L’apparition de ces martyres n’est pas un fait nouveau, ni même récent. La toute première s’appelait Sanaa Mehaidli. C’était en 1985 au Liban, durant l’occupation israélienne du sud du pays. Mais à l’époque, ces femmes n’étaient pas liées à des groupes djihadistes. Il s’agissait alors plutôt d’actes de résistance politique. Dans le cas de Sanaa, elle s’était sacrifiée pour combattre l’occupation israélienne et libérer le territoire libanais. La religion n’entrait pas encore en ligne de compte. Ce n’est que bien plus tard que les islamistes se sont alignés sur les groupes laïcs. L’Irak a compté vingt-cinq martyres entre 2005 et 2010. Les femmes recrutées par Al-Qaïda à cette époque voulaient quitter une situation sociale désespérée (veuvage, grossesse, etc). Aujourd’hui, certaines chahidat affichent des photos sur les réseaux sociaux pour appeler «les sœurs à les rejoindre» et à rallier le califat autoproclamé en Syrie. Mais pour quel combat, quels idéaux?

La plus connue est française. Hayat Boumeddiene, la compagne d’Amedy Coulibaly, auteur de la prise d’otage de l’hypermarché casher de la porte de Vincennes, le 9 janvier 2015. Juste avant, elle avait rejoint, seule, la Turquie, puis la Syrie et la ville de Raqqa. Qu’est-ce qui a poussé cette jeune femme de 26 ans à intégrer les rangs du groupe terroriste? Sur d’anciennes photos de vacances, elle s’affichait à la plage en bikini, le sourire radieux. Très loin de l’image qu’elle a donnée d’elle par la suite, entièrement voilée et s’entraînant au tir dans la forêt. Certains experts ont même suggéré qu’Hayat Boumeddienne pourrait être encore plus radicalisée que son partenaire. Selon l’expert et sociologue franco-iranien Farhad Khosrokhavar, «elle continue l’activisme par-delà la mort. Elle aurait pu mourir avec lui, mais elle ne l’a pas fait. Le féminisme, tel qu’il est conçu dans la société occidentale, a coupé une part de leur virilité. Ce à quoi répond alors le fondamentalisme, qui les attire, en réaction à cela.»

La suite de cette histoire est payante.

Abonnez-vous

Et profitez d'un accès illimité au site pour seulement 7.-/mois.

Je profite → Déjà abonné? Connectez-vous.

Achetez cet article

Nouveau: dès 0.50 CHF, payez votre histoire le prix que vous voulez!

Je me connecte → Paiement rapide et sécurisé avec Stripe