La Garde pontificale corse oubliée (2/6)

© DR
Vue de la descente d'escaliers des musées du Vatican.

Créée entre 1468 et 1471, la Garde corse a servi les papes à Rome pendant des siècles. Or, il n'en reste que peu de traces et enquêter sur place n'est pas chose facile. Le Saint-Siège coopère peu et la Garde suisse reste muette. Quel est donc ce mystère?

Laissant raisonner ses pas sur le parterre usé de la travée barlongue, l'écrivain Iviu Pasquali avance doucement vers les catacombes de la basilique de San Crisogono pour y contempler encore une fois son trésor. L’obscurité engloutit son visage comme il descend les marches creusées par le temps, et seules les lueurs de chandelles se reflètent dans les verres de ses lunettes alors que sa tête s’approche, entre deux murs épais, de sarcophages plusieurs fois centenaires. L’homme conforte d’une caresse de sa main la lecture de certaines mentions visibles dans les pierres usées: «Corso de Corsica». Sans s’en rendre compte, il vient de le chuchoter, et pense immédiatement à voix haute: «A Corsica hè terra vaticana.»

Une discussion avec un ami historien quelques années plus tôt a confirmé à Iviu Pasquali l’existence de cette Garde corse au service du pape à Rome pendant des siècles. Peu d’informations: une création officielle située entre 1468 et 1471; quelques écrits de diplomates vénitiens mentionnant 600 soldats corses habitant le quartier de Trastevere; la paroisse de San Crisogono élevée au rang d’église nationale des Corses dès 1445; la fondation en 1543 par les gardes corses de l’Arciconfraternita del Carmine pour veiller sur leur culte comme l’atteste une bulle signée du pape Paul III dans l’église Santa-Agata à quelques pas de San Crisogono. Rien d’autre, à peine de quoi commencer une enquête. 

La commencer, mais pas seul. Iviu Pasquali, fondateur en 1986 de la première école en Corse de polyphonie, celui qui a été tour à tour militaire de carrière, frigoriste, agriculteur et chef de production pour l’eau d’Orezza en Haute-Corse, crée en 2014 l'Associu Guardia Corsa Papale comme une cellule d’enquête historique et d’information sur le sujet. Accompagné de Raphael Quilici, Paul Turchi Duriani, Jean Ponteri, Claude Giorgetti, l’abbé Christophe Bocchecciampe et quelques dizaines d’autres personnes, de nombreux voyages à Rome sont effectués avec à la clé la découverte des sarcophages, mais aussi d’une plaque mortuaire visible dans le choeur de la basilique San Crisogono faisant référence à un colonel de la Garde corse, Pasquino Corso. 

Des reliques aujourd’hui encore scrupuleusement gardées par les membres de l’Arciconfraternita della Santissima Madonna del Carmine de San Crisogono qui ne s’est jamais éteinte depuis 1543; secret parmi les secrets romains. Avec l’apparition un jour de Giampiero Romani qui en est l’actuel governatore, l’Associu trouvait un informateur précieux et dévoué comme s’il venait de découvrir des frères jusque-là inconnus, parce qu’éloignés.

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