Notre fixeur arrête le véhicule au bord de la route de terre, à deux pas d’une petite boutique de snacks et de sodas. Des hommes sont assis à l’ombre, d’autres sont appuyés contre des poteaux. Leurs regards se détournent de l’écran de télé placé en hauteur, sur lequel Will Smith incarne Mohamed Ali, pour nous dévisager.
Ce magasin est en quelque sorte le centre-ville. Un homme imposant à la chemise trop serrée s’approche de la voiture et se penche à la fenêtre. Il veut savoir ce que nous faisons là. Il est coiffé d’un chapeau de cow-boy et porte une moustache. Un pistolet noir est accroché à sa ceinture.
Nous sommes ici pour rendre compte du conflit qui fait rage entre les paysans pauvres et les riches propriétaires terriens de Taujica, une petite ville située dans la région de Bajo Aguan, au Honduras. A cinq heures de voiture se trouve San Pedro Sula, la capitale du meurtre. Les routes qui nous ont conduits jusqu’ici coupent à travers la montagne, progressant au milieu d’une végétation luxuriante et embrassant la mer des Caraïbes.