Hong Kong Greco Hong Kong Greco
Lové entre deux collines au nord de la ville, le quartier industriel de Fo Tan est en déclin. En cause, l'augmentation des prix de l'immobilier.© Pascal Greco

Hong Kong, ville de contrastes

Véritable rencontre entre Orient et Occident, et au carrefour de l'Asie, Hong Kong est un territoire dynamique qui a su se forger une place de choix sur la scène internationale. Derrière cette facette séduisante de prospérité, l'ancienne colonie britannique cache une misère réelle et peu enviable.

Située au sud de la Chine, Hong Kong est connue à plus d’un titre pour sa vue spectaculaire sur le port Victoria, teinté des lumières glamours et scintillantes du quartier des affaires. Et pour sa forte densité immobilière. Le «port aux parfums» compte quelque 7'840 gratte-ciel dont 1'300 dépassent les 100 mètres, et 300 d'entre eux mesurent plus de 150 mètres. Le plus haut est un bâtiment commercial de 108 étages culminant à 484 mètres qui se classe au neuvième rang des plus hauts bâtiments du monde. A la fois élevées, élancées et disposées en grappes, les tours adossées aux montagnes verdoyantes paraissent identiques, différenciées uniquement par leurs palettes de couleurs. Cependant, à y regarder de plus près, un riche ensemble de typologies émergent: la dalle, le bloc en H, le cruciforme, le trident, etc., comme autant de tentatives de résoudre efficacement le problème du logement tout en tenant compte d’une offre foncière de plus en plus limitée.

Cette situation découle principalement de l'environnement spatial si particulier de Hong Kong. La mégalopole possède une topographie accidentée avec seulement un quart de sa superficie développable, tandis que deux tiers sont des zones vertes, techniquement parlant difficiles, voire impossibles à développer. Au-delà des contraintes physiques, la pression démographique et les forces du marché sont les deux facteurs qui ont entraîné – et entraînent encore - le surpeuplement et le développement vertical. Tout au long de son histoire, de nombreuses vagues d'immigrants clandestins en provenance du continent, en raison de diverses catastrophes naturelles ou bouleversements politiques, se sont déversées sur l'île.

Pour tirer le meilleur parti de la taille restreinte de l'ancienne colonie britannique, les promoteurs immobiliers ont donc privilégié la hauteur. Une efficacité de construction qui engendre divers problèmes collatéraux, notamment liés au bruit et à la pollution de l'air, à la congestion et aux embouteillages caractéristiques de toutes les mégalopoles du monde. Afin d'échapper à la promiscuité et à la pollution, les habitants aspirent à vivre dans les étages supérieurs des bâtiments. Ce qui incite les promoteurs à construire toujours plus haut, leur permettant ainsi de pratiquer des prix plus élevés. Avec une concurrence forte pour une offre limitée et contrôlée des terrains par le gouvernement, il en résulte un cercle vicieux où les gratte-ciel, la forte densité et le prix des biens augmentent de manière concomitante au point que l'immobilier à Hong Kong, qu'il soit résidentiel ou commercial, est l'un des moins abordables de la scène mondiale.

Ces problèmes de terrain, de disponibilité et d'accessibilité au logement contribuent à augmenter le coût général de la vie en ville. Sous les lumières scintillantes révélées par ses scènes de nuit et les chiffres extraordinaires qui attestent de sa prospérité, il existe de fortes disparités entre les très riches et les très pauvres, entre les gratte-ciel commerciaux et résidentiels d'un côté, et les toits, les blocs sous-divisés et les cabanes en carton des sans-abris de l'autre. Des contrastes saisissants que le photographe genevois Pascal Greco présente dans une série de 135 photos noir/blanc réalisée entre 2012 et 2017.