Sept.info | Iran: la révolution discrète des zoroastriens

Iran: la révolution discrète des zoroastriens

© Ines Della Valle / Nawart Press
Mobed Fariba descend dans la salle du Feu, au temple de Yazd.

Depuis 2009, les prêtresses zoroastriennes peuvent à nouveau exercer leur culte. Un pas vers l’égalité des sexes dans un pays réputé conservateur.

Dans les rues encombrées de Téhéran en plein ramadan, notre chauffeur de taxi s’arrête devant un bâtiment de style ancien à l’architecture sobre. Silencieusement, un petit groupe de fidèles franchit une porte ouverte sur une cour intérieure, d’où l’on entend bruire une fontaine. Depuis l’extérieur, rien ne laisse deviner qu’il s’agit du Temple du feu, le plus grand complexe zoroastrien d’Iran, qui abrite le siège du Conseil des prêtres, aussi appelés les mobeds. Délaissant nos chaussures sous les colonnades, nous pénétrons dans une salle couverte de tapis. Au milieu, une petite pièce en pierre renferme le feu sacré qui, selon la croyance, brûlerait en permanence depuis 1’500 ans.

Agenouillées dans le temple, nous attendons Sarvar Tarapolevara et Rashin Jahangiri, deux prêtresses autorisées depuis deux ans à diriger les rites religieux. Près de nous, un vieillard lance des petits morceaux de bois dans le feu sacré pour le raviver. Rapidement, les deux femmes apparaissent vêtues de leur tenue de cérémonie. Mobed Soroushpur, actuellement président du Conseil des prêtres, les accompagne, visiblement très fier d’elles. La robe, le voile léger sous le petit chapeau rond, les chaussettes, tout est blanc dans leur tenue. Le koshti, cette longue ceinture manipulée au cours du rituel et qui symbolise les préceptes zoroastriens des bonnes pensées, des bons mots et bonnes actions, est également immaculé. Sarvar s’assied et raconte. Sa famille appartient à la caste des mobeds, dans laquelle la prêtrise se transmet de père en fils. «Mon père est un parsi indien, un zoroastrien né en Inde, et ma mère est de Shiraz en Iran, débute-t-elle. J’ai en tête ce souvenir vivace de mon père enroulant le koshti avant le petit déjeuner du matin. C’est lui qui m’a inspirée et poussée à poursuivre dans la voie de la prêtrise.» Elle poursuit: «Au début, les parsis indiens étaient les plus stricts et refusaient que les femmes deviennent prêtresses. Mais suite à ma cérémonie d’initiation il y a quatre ans, à ma grande surprise, ce sont d’eux que sont venus les premiers courriels de félicitations.»

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