«Pourquoi la NASA voudrait-elle étudier un lac au Canada?» Trois gardes-frontières différents m’ont posé la question, et bien qu’ils aient fini par me laisser passer, il est évident qu’ils n’ont pas compris la réponse. Pourquoi la NASA s’intéresse-t-elle à un lac au Canada? Et en quoi cela me regarde? Comparé à d’autres environnements exotiques, le lac Pavilion, en Colombie-Britannique, semble plutôt ordinaire malgré son isolement – la grande ville la plus proche étant Vancouver, située à plusieurs heures de route à travers les montagnes. Aux abords du chemin qui traverse la lande déserte sur des dizaines de kilomètres, des petits villages à flanc de coteau brillent timidement dans la nuit noire. Le lac en lui-même s’étend le long d’une autoroute, depuis laquelle il paraît identique aux autres lacs de montagne de l’ouest de l’Amérique du Nord.
Sous la surface, le fond du lac Pavilion est tapissé de ce qui ressemble à des récifs coralliens: un chaos de dômes, de cônes et de formes étranges qui rappellent celles des artichauts. Pourtant, il ne s’agit pas de coraux, mais de formations rocheuses appelées microbialites, créées par les cyanobactéries qui les recouvrent. Autrefois dénommées «algues bleu-vert», ces bactéries ont formé la roche sur laquelle elles vivent, absorbant des nutriments dans l’eau et rejetant de la roche derrière elles.