Dans le village d’El Chaltén, en Patagonie argentine, un absurde petit rituel se déroule chaque jour. Tous les matins, sur le comptoir de l’épicerie, le gérant Felipe coupe deux ou trois gros salamis en une douzaine de petites tranches. Il enveloppe chacune d’elles dans du film alimentaire, les pèse avec attention, et y colle un sticker indiquant le prix. Chaque nouvelle tranche de salami se vend à un prix différent, à deux décimales près.
A El Chaltén, les aliments frais arrivent une fois par mois. Entre-temps, ils reposent dans des boîtes stockées sur les étagères des deux petites épiceries de la ville. Les salamis de Felipe ont du succès parmi la foule de backpacker qui déferle entre septembre et avril pour faire du trek à l’ombre du Cerro Torre et du massif du Fitz Roy. Mais c’est toujours la même chose. A chaque fois qu’ils vont pour payer, le prix est soudain arrondi à l’unité supérieure – parfois même plus.
La minutie de Felipe pour trancher, peser et estimer le prix de chaque tranche est finalement ignorée arrivé en caisse. Tout ça pour rien. Mais pourquoi En Argentine, on n’utilise pas la petite monnaie. Ce n’est pas nouveau.