Sept.info | Tommaso Buscetta, le repenti le plus célèbre de la mafia…
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Funérailles des sept carabiniers et artificiers tués le 30 juin 1963 par l'explosion d'une Giulietta. L'attentat visait le chef de la puissante famille Greco qui régnait sur la bourgade de Ciaculli proche de Palerme, Salvatore Greco. Ce massacre fut le point culminant de la sanglante guerre mafieuse entres clans rivaux de Palerme au début des années 60, connue sous le nom de «première guerre de la mafia», pour le contrôle des opportunités rentables créées par la croissance urbaine rapide et le commerce illicite d'héroïne vers l'Amérique du Nord. © Keystone / Mondadori Portfolio / Publifoto / Enzo Brai

Tommaso Buscetta, le repenti le plus célèbre de la mafia (2/5)

Alors qu'il est incarcéré, le boss des deux mondes assiste à la prise de pouvoir par la force des Corléonais, dirigé par le sanguinaire Luciano Liggio et le tristement célèbre Toto Riina, sur Cosa nostra, avec la complicité du secrétaire général de l'organisation Michele Greco.

Si pendant près de trois ans, de 1978 à 1981, le chef de la famille de Santa Maria di Gesù, Stefano Bontate, le Faucon, emprunte la route qui relie Palerme à Piana degli Albanesi (ex-Piana degli Greci), ce n'est ni pour faire du tourisme ni pour jouir d'un paysage parmi les plus tristes de Sicile. Il a une idée bien précise et seule une connaissance parfaite du terrain lui permet d'amener son véhicule à bon port. Après avoir évité la bretelle d'accès à l'autoroute Palerme-Catane, Stefano Bontate quitte le quartier du Brancaccio pour se faufiler entre les ruines d'une église baroque, digne des meilleurs westerns-spaghettis, adossée à flanc de coteau et une station-service encore moins engageante, avant de se précipiter enfin sur la route qui le conduit à moins de cinq kilomètres de là au petit bourg de Ciaculli, de sinistre réputation.

On ne s'arrête pas sans raison à Ciaculli. Aucune pancarte n'indique l'existence de ce patelin d'un millier d'habitants, soigneusement triés sur le volet. Le voyageur pressé pourrait prendre les quelques demeures qui se dressent de part et d'autre de la route pour de lointains faubourgs de Palerme, n'étaient deux détails inquiétants. Il n'y a pas de magasins à Ciaculli, les vendeurs ambulants se chargent du commerce; et aux façades blanches des maisons à trois étages, les persiennes vertes sont toujours closes. Ici commence le territoire de la plus violente de toutes les familles de Cosa nostra. Les affaires du prince de Villagrazia ne l'appellent pas au sein de Ciaculli. Peu avant la fin de la bourgade, il emprunte sur la gauche une route encore plus étroite que la précédente. Autorisant difficilement le passage de deux voitures de front, la passe est bordée de chaque côté de hauts murs gris surmontés par endroits de touffes d'un vert violent laissant deviner des plantations d'agrumes. Quelques centaines de mètres avant le bled de Croce Verde Giardini, tout aussi réjouissant pour l'âme que Ciaculli, la voiture vire à gauche sur un chemin vicinal pour franchir un lourd portail métallique où l'on peut lire FONDO FAVARELLA. Au milieu d'une imposante plantation de citronniers, Bontate coupe le moteur non loin d'une demeure d'aspect rustique, dotée d'un portique au sommet duquel se détachent deux lettres, M G, les initiales du maître de céans, Michele Greco, chef de la famille de Ciaculli, secrétaire général de la Coupole. 

Si Stefano Bontate fréquente avec assiduité le Fondo Favarella, ce n'est pas pour profiter du polygone de tir qu’a installé le propriétaire. La légende raconte que Michele Greco a fait partie de l'équipe italienne de tir au pigeon. L'hôte n'est pas là non plus pour s'attarder dans le laboratoire de fabrication d'héroïne dissimulé au milieu de la citronneraie. De même ne vient-il pas uniquement pour participer aux banquets d'hommes d'honneur qui s'y tiennent régulièrement. Sa présence au Fondo Favarella est liée à sa fonction de secrétaire de la Coupole. Pendant plus de six ans, le gouvernement de Cosa nostra a pris pour habitude de se réunir dans la propriété de celui qui va devenir son chef, siégeant dans cette demeure inconnue des policiers et protégée des regards indiscrets par une forêt de citronniers, perdue entre Ciaculli et Croce Verde Giardini, à moins de dix minutes de Palerme. A chaque réunion, il y a devant la maison une dizaine de véhicules, généralement des BMW (la voiture des hommes d'honneur), pas encore blindées car la pax mafiosa règne à nouveau sur Palerme. Composée de deux étages reliés par un escalier de bois, la demeure est modestement meublée dans un style à la fois rustique et antique, à l'exception d'une luxueuse salle de bains située à l'attique. Malgré sa dimension relativement spacieuse, le salon n'a rien d'une salle de réunion, et c'est en vain que l'on cherche dans les autres pièces l'espace nécessaire à la tenue du conseil des ministres de Cosa nostra. Il faut en fait se hasarder dans les sous-sols pour trouver le lieu propice à accueillir l'aréopage des hommes d'honneur.

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