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© Musée de l'Elysée, Lausanne

Marcel Imsand, promeneur solitaire

Le Gruérien Marcel Imsand est un cas à part dans le champ de la photographie suisse. Extrait de son œuvre.

Photographe de tradition humaniste et d’essence régionaliste, le Gruérien Marcel Imsand (1929-2017) est un cas à part dans le champ de la photographie suisse. Promeneur solitaire, réfractaire à toutes les modes, c’est l’homme d’un regard attentif aux choses et aux gens, qui saisit la poésie des paysages et la fulgurance des instants emprunts de beauté. 

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Marcel Imsand © Philippe Pache

Mécanicien de précision à Neuchâtel dans un premier temps, cet autodidacte se forme méticuleusement avant de devenir professionnel en 1964, à l’âge de trente-cinq ans, fait rare dans un milieu alors déjà très concurrentiel. Etabli désormais à Lausanne, il travaille intensément à la chambre noire et acquiert le difficile art du beau tirage viré, qui va faire sa réputation.

En trente années, Imsand a eu une activité très éclectique, passant de la publicité pour l’horlogerie aux portraits, ou du reportage au paysage. En 1969, la Ville de Lausanne lui commande son premier ouvrage, intitulé 1000 Lausanne. C’est dans la continuité et la fidélité que Imsand trouve sa meilleure inspiration, réalisant par exemple une série très aboutie intitulée Paul et Clémence, publiée dans un livre qui relate dans une atmosphère claire-obscure les dernières années de la vie de Paul Leiser, philosophe, pianiste, philanthrope, et de sa servante Clémence. Tous deux vivaient, tels des fantômes, dans une ferme isolée que Paul Leiser avait transformée dans les années 1950 en centre culturel, phalanstère alliant l’art et l’agriculture, à l’enseigne de la liberté.

Pendant dix années, Imsand les a photographiés, comme il photographiera chaque hiver le berger bergamasque Luigi. Il publiera ainsi plus de quarante ouvrages, avec notamment les écrivains Jacques Chessex et Emile Gardaz. Il assurera également l’iconographie complète des douze volumes de l’Encyclopédie illustrée du Pays du Vaud

Imsand avoue volontiers son admiration pour le photographe américain Edward Steichen, essentiellement son travail de la période pictorialiste. Il en admire le traitement de la lumière, la qualité des tirages et les nus, lui qui n’en a jamais réalisé un seul durant toute sa carrière…

Le Fribourgeois a toujours clairement affirmé que son style réside dans l’atmosphère et l’ambiance qu’il ressent, et que la peinture hollandaise et celle de l’Anglais William Turner ont affiné sa perception du paysage et des ciels. Des influences clairement perceptibles, qu’il sait restituer dans l’abstraction du noir et blanc.

De nombreux enfants, avec lesquels il se sent à l’aise, ont également trouvé leur place dans son œuvre.