Impasse à Omaha (4/5)

© U.S. National Archives
Soldats blessés lors de l'assaut d'Omaha Beach, en attente d'être évacués.

Pendant qu’Hitler minimise l’importance du débarquement, les Alliés se trouvent en mauvaise posture sur les plages normandes. L’issue de la bataille est alors incertaine...

Un beau soleil brillait sur Berchtesgaden par cette matinée de juin idéalement printanière. Un vent pur et frais descendait des sommets sur les alpages de l’Obersalzberg, et les boules d’or des séneçons se gorgeaient de lumière. Dans la vallée haute, les deux clochers de Saint-Pierre-et-Saint-Jean jetaient leurs ombres jumelles sur le parvis pavé. Hitler se leva tard, mais il subsiste un doute sur l’heure exacte de son réveil. Son fidèle aide de camp, Otto Günsche, dit avoir vu le Führer entrer dans le grand hall du Berghof dès 8 heures du matin. Il prétend même avoir entendu Hitler déclarer à deux de ses généraux: «Messieurs, c’est l’invasion. Je dis depuis le début que c’est là qu’elle va avoir lieu.» Mais Karl von Puttkamer affirme que les horloges du Berghof avaient déjà sonné 9 heures quand le général Rudolf Schmundt alla réveiller le Führer. Il ajoute que Hitler dormait alors profondément, et qu’il sortit de sa chambre en peignoir. Il n’ordonna qu’alors à ses grands généraux, logés au village, de monter au Berghof. Il s’habilla en les attendant, passant son habituel pantalon noir, sa tunique militaire grise, une chemise blanche et une cravate brune, sa croix de fer de première classe bien en place sur sa poitrine du côté gauche. Puttkamer trouva le Führer «calme et maître de lui», comme l’étaient tous ceux qui se trouvaient au Berghof ce matin-là. Contrairement à Otto Günsche, Puttkamer raconte qu’Hitler disait à qui voulait l’entendre «que ce n’était pas l’invasion principale». Mais «il le répétait un peu trop souvent», signe de son inquiétude. Personne dans son entourage n’était du même avis. «Il ne faisait pas l’unanimité dans cette opinion», dit Puttkamer avec son tact habituel.

Il se trouve que le Führer avait invité le nouveau Premier ministre hongrois, Döme Sztójay, à le rencontrer à midi ce jour-là. La réception devait avoir lieu au château de Klessheim, un palais baroque situé à Salzbourg, à une vingtaine de kilomètres du Berghof. Hitler choisissait souvent ce château pour recevoir les chefs d’Etat, car c’était un bijou rempli de luxueuses merveilles italiennes, lustres en cristal et toiles de maîtres vénitiens. Il se rendit donc au château et s’arrêta un instant dans une antichambre pour prendre connaissance des dernières nouvelles de Normandie. Le général Warlimont fut surpris par l’optimisme du Führer. «Il débordait d’assurance et comme à son habitude donnait l’impression de n’avoir pas un souci au monde, ni en ce qui le concernait, ni en ce qui concernait l’Allemagne.» «Parfait, cela a commencé», commenta-t-il en se frottant les mains, puis il fit irruption dans la salle de réception sans s’encombrer du protocole pour accueillir Sztójay. Un peu plus tôt, il avait dit à Goebbels qu’il était «absolument certain» que les troupes alliées seraient repoussées. «Si nous contrecarrons l’invasion, dit-il, la face de la guerre en sera complètement transformée.»

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