Je rampe sur le ventre en m’aidant de mes mains et de mes genoux. La molasse subalpine, une roche grisâtre, frôle sans arrêt mon dos et je sens les irrégularités de la pierre contre ma peau. La galerie est assez large, mais désormais très basse. Une trentaine de centimètres de hauteur à vue d’œil. Je m’arrête un moment pour souffler, coincée dans ce qu’on appelle, en spéléologie, un laminoir.
Pendant plus de deux siècles, les ouvriers de la mine d’Oron ont emprunté ce passage, pioches et lampes en mains, pour rejoindre les veines de charbon. Ces hommes, décrits comme costauds et habiles, se déplaçaient avec aisance dans cet environnement obscur et humide.
Je n’ai ni leur condition physique ni leur expérience. Les bras tendus au-dessus de ma tête, je tâtonne et tente de m’accrocher à la roche. Elle s’effrite. Des cailloux me restent entre les doigts. J’aimerais m’aider de mes pieds, mais à chaque fois que je touche une pierre avec ma botte, elle dégringole. Mes muscles se contractent. J’essaie de m’extraire à la force de mes bras, mais c’est peine perdue; je le sais d’avance. Je n’ai jamais été douée pour les tractions.