Dan Moldea, De Niro, Scorsese et le mystère Jimmy Hoffa (2/3)

Qu’est-il arrivé à Jimmy Hoffa? Pourquoi est-il mort? Et surtout, où se trouve son cadavre? Quarante ans que le journaliste d’investigation Dan Moldea essaie de répondre à ces questions. Mais il est des réponses qu’il vaut mieux ne jamais trouver. Dan Moldea l’a appris à ses dépens.

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Le journaliste américain Dan Moldea enquête depuis 1975 sur la disparition mystérieuse de Jimmy Hoffa. © Fabrizio Calvi

Qui est Jimmy Hoffa? Ancien docker, né à Brazil (Indiana) en février 1913, Jimmy Hoffa devient l’un des responsables de la section 299 des Teamsters de Détroit avant de gravir les échelons qui l’amèneront à siéger au sein de la Conférence centrale du syndicat. Jimmy Hoffa aurait pu être un grand dirigeant syndicaliste, si en 1941, pour se débarrasser de rivaux, il n’avait fait appel à la mafia. Dès lors, son destin est scellé. La mafia met à sa disposition ses hommes de main; en échange Hoffa puise dans les caisses du syndicat pour blanchir l’argent de la criminalité organisée. Au cœur de ce système de blanchiment, Hoffa place l’un de ses hommes de confiance, Allen Dorfman, le syndicaliste que Dan Moldea a approché au tribunal de Chicago au risque de sa vie. En 1951, la Commission sénatoriale Kefauver, chargée d’enquêter sur le rôle du crime organisé aux Etats-Unis, se penche sur le cas Jimmy Hoffa. En vain, elle n’arrive pas à trouver de quoi l’inculper. Un an plus tard, Hoffa est nommé vice-président des Teamsters, chargé des relations internationales. En 1957, il est nommé président des Teamsters après avoir balancé son prédécesseur au Comité sénatorial chargé d’enquêter sur le racket. Au début des années cinquante, alors qu’il est conseiller juridique pour diverses commissions sénatoriales, Bobby Kennedy flaire les connexions mafieuses de Jimmy Hoffa. Il plante ses crocs et depuis il n’a plus jamais lâché prise. Les deux hommes se vouent une haine cordiale. On dit même qu’ils en sont venus aux mains dans les couloirs du Sénat. 

L’arrivée à la Maison-Blanche du président John Fitzgerald Kennedy marque le début de la fin de Jimmy Hoffa. Nommé ministre de la Justice, Bobby Kennedy redouble ses attaques contre le patron des Teamsters. D’abord, il le poursuit pour extorsion de fonds et de fraude. Inutile. Finalement, il réussit à le faire condamner à treize ans de prison pour avoir fait pression sur un jury populaire et fraude. Peu de temps avant son incarcération, Jimmy Hoffa est réélu pour la troisième fois à la tête du syndicat. Avant de se rendre au pénitencier de Lewisburg pour purger sa peine le 7 mars 1967, Hoffa demande à son ami de longue date, Frank Fitzsimmons, d’assurer l’intérim en attendant sa libération. Frank Fitzsimmons n’a aucune intention de jouer les remplaçants. Il a passé lui aussi un pacte avec la mafia et donne aux parrains tout ce qu’ils demandent. En juillet 1971, lors de la convention des Teamsters, Fitzsimmons est élu président général, remplaçant officiellement Hoffa. Hoffa et Fitzsimmons ont un ami à la Maison-Blanche. Nixon gracie Hoffa à la condition que ce dernier renonce à toute fonction syndicale jusqu’en 1980. Fitzsimmons jubile, il pense avoir les mains libres pour asseoir son pouvoir. Richard Nixon démissionne en 1974. C’est au tour de Jimmy Hoffa de se réjouir: Gerald Ford, le nouvel occupant de la Maison-Blanche, n’a rien à lui refuser. Hoffa est certain que le président Ford l’autorisera à briguer un poste à responsabilités bien avant la date fatidique de 1980. Peu après… Jimmy Hoffa disparaît.

Un mystère qui, tout comme l’assassinat du président Kennedy, fait toujours partie des grands mythes de l’Amérique contemporaine. La presse y a consacré des milliers d’articles, les maisons d’édition des dizaines d’ouvrages. On ne compte plus les livres signés par des mafieux qui affirment avoir tué puis fait disparaître le corps de Jimmy Hoffa. Les lecteurs d’American Tabloïd (James Ellroy) ou de Vendetta (R. J. Ellory) n’ignorent rien de la disparition du syndicaliste. Les fans du groupe de hip-hop The Goats non plus, grâce au morceau R u down wit da Goats. Cinq films ont été consacrés à l’affaire, dont l’un avec Jack Nicholson et Danny De Vito (Hoffa) et un autre avec Sylvester Stallone (F.I.S.T.), sans compter les références qui parsèment d’autres productions hollywoodiennes – à commencer par Il était une fois en Amérique de Sergio Leone.

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